Le Figaro
La mère de deux enfants «atteints de troubles neurocomportementaux» qui travaillait, lors de ses grossesses, «en face» de l’usine Sanofi à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) produisant le médicament Dépakine, a porté plainte à Paris, a annoncé lundi l’association de familles de victimes. Elle a déposé plainte le 15 novembre pour blessures involontaires ayant entraîné une ITT de plus de trois mois, mise en danger de la vie d’autrui et non signalement d’effet indésirable, a précisé son avocat Charles Joseph-Oudin.
«Il n’y a pas d’autre cause possible» à l’origine des troubles de ses enfants que les rejets toxiques de l’usine dans l’air qu’elle a respiré, affirme-t-il. Sollicité par l’AFP, Sanofi a indiqué n’avoir «pas connaissance de cette procédure». «À ce stade, aucune» des études déjà réalisées ou en cours «n’a permis de faire ressortir un risque particulier» lié aux «émissions atmosphériques» générées par la fabrication du médicament, a affirmé le groupe pharmaceutique.
Un juge d’instruction du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris enquête depuis août 2022 sur les rejets toxiques de cette usine, sur le bassin de Lacq, pour «mise en danger d’autrui» et «délit d’obstacle à agent habilité», après la révélation par l’association France Nature Environnement (FNE) de rejets toxiques hors normes de valproate de sodium. Ce médicament, commercialisé sous le nom de Dépakine par le géant français Sanofi, est un antiépileptique dont les risques pour l’enfant -malformation et troubles du développement comme l’autisme- sont déjà bien connus s’il est pris par la mère enceinte.
«Je ne peux rien affirmer»
«Je suis scientifique. Je ne peux rien affirmer. Je m’interroge sur le lien entre mon exposition et les troubles constatés chez mes enfants» nés en 2014 et 2016, explique la plaignante, âgée de 37 ans, dans le journal Le Monde, qui a révélé la plainte. Elle espère que la justice puisse «répondre à (ses) questions et enquêter au-delà de (son) cas sur ce qui pourrait potentiellement être un scandale sanitaire». Selon un communiqué de la présidente de l’Association des parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant (APESAC), Marine Martin, son «taux de dépakinemie» s’est révélé «positif comme chez de nombreux salariés».
«Il est inadmissible que là encore Sanofi affiche un déni de sa responsabilité dans les rejets toxiques qu’il a déversés entre 2013 et 2019 sur le bassin de Lacq (Mourenx)», s’est-elle indignée, supposant qu’il y a «probablement un cluster dans cette région». L’action de cette mère «confirme le bien-fondé de la plainte déposée par les syndicats des travailleurs qui sont les premières personnes exposées et des sentinelles concernant la mise en danger des riverains», d’après Me François Lafforgue, avocat de la CGT locale et de la Fédération nationale des industries chimiques CGT, parties civiles à l’origine de l’ouverture de l’information judiciaire en août 2022.
Source : AFP, Le Figaro