Le 7
Le laboratoire Sanofi, à l’origine de la Dépakine, sera-t-il reconnu responsable des troubles qui touchent trois enfants nés dans la Vienne ? Leur mère avait continué ce traitement anti-épi- leptique pendant ses grossesses. La justice vient d’ordonner une expertise médicale.
C’est une première victoire pour Angélina Nau. Le 25 juillet, le juge des référés du tribunal de grande instance de Poitiers a ordonné une expertise médicale de ses trois enfants âgés de 20, 15 et 4 ans. L’objectif ? Etablir s’il existe un lien entre les troubles du développement dont souffrent ces derniers et l’absorption par leur mère, pendant ses grossesses, de Dépakine, ce médicament anti-épileptique élaboré par le laboratoire Sanofi.
Quatre experts en pharmacologie, gynécologie et en neurologie vont étudier le dossier médical et rencontrer chacun des membres de cette famille installée à Lencloître. Le juge a estimé qu’il était bien prouvé que la requérante était traitée, avant même sa première grossesse, par le valporate de sodium, l’un des composants de la Dépakine, aujourd’hui proscrit pour les femmes enceintes. Reste que la procédure risque d’être longue. « Au minimum un an, plus sûrement dix-huit mois », affirme son avocat, Me François Gaborit. Peu importe, rétorque Angélina Nau : « J’en avais déjà conscience. Je bataille depuis des années, notamment pour la reconnais- sance du handicap des deux plus grands. C’est devenu un véritable combat pour moi. »
Entre 14 000 et 30 000 victimes
En septembre 2016, « Le 7 » recueillait son témoignage (n°320). Difficultés de concentration à l’école, écriture catastrophique, crises de colère… Le quotidien est compliqué à vivre. « J’ai vu Kilian se frapper la tête contre les murs et Dimitri se fâcher tout rouge parce qu’il ne réussissait pas à trouver ses mots, racontait alors la mère de famille. Mes enfants se faisaient traiter de « débiles » par leurs petits camarades. Ils s’isolaient et je ne pouvais rien faire. » Six mois plus tôt, Angélina a fait le lien avec la Dépakine grâce à un reportage diffusé sur TF1. Une révélation. D’autres marques de médicaments présentant la même molécule seraient à l’origine de «14 000 à 30 000 » victimes, selon un récent rapport de l’Agence nationale de sûreté du médicament.
Aujourd’hui, Angélina Nau est soutenue par l’Apesac, une association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de cet anti-convulsifiant. Kilian, le cadet de 15 ans, a finalement obtenu la présence d’une Assistante de vie scolaire (AVS) à ses côtés au collège et Dimitri, titulaire d’un bac pro en aménagement paysager, devrait bientôt être reconnu travailleur handicapé. Un combat après l’autre.
Source: Le 7