L’Echo du Berry
Dans Le Papillon redevient chrysalide, la jeune femme livre son témoignage d’enfant victime de la dépakine
Marion Mayet est une jeune femme semblable aux autres. Pourtant, c’est une enfant « Depakine », nom de l’antiépileptique pris par sa mère lors de sa grossesse. Dans les années 90, personne ne savait qu’il était nocif pour le fœtus. À 26 ans, Marion présente des troubles de socialisation l’empêchant d’avoir des amis. « Ce n’est pas une maladie qui se voit, raconte-t-elle, c’est une maladie qui m’empêche de vivre comme je le souhaiterais et aui fait que certaines amitiés ne tiennent pas la route. »
Mettre un nom sur la souffrance
Voici neuf ans, à la faveur d’un documentaire sur l’Association des parents d’enfants souffrant du syndrome de l’an-ti-convulsivant (Apesac), ses parents font le lien entre la situation de leur fille et le médicament. Mais pour protéger Marion, ils décident de ne pas lui en parler. « Je l’ai découvert il y a un peu moins de deux ans, confie-t-elle. C’était un soulagement de mettre un nom sur cette souffrance et de savoir d’où elle venait, que ce n’était la faute de personne à part celle du laboratoire. » Le livre était alors déjà en cours d’écriture car elle souhaitait parler du harcèlement dont elle a été victime durant toutes ses années d’études. Ce récit de vie commence par sa petite enfance. relativement heureuse.
Les premières angoisses apparaissent lors d’un voyage scolaire en CM2, année qu’elle redouble suite à des faits de harcèlement considérés comme taquineries entre elèves. Mais c’est au collège que la situation dégénère. « J’y ai retrouvé mes harceleuses de primaire. Quand j’en reparle aujourd’hui, je me dis : « Ah oui, tu as vécu cela et tu l’as écrit dans un livre qui a été publié », c’est un peu une revanche. »
Au fil des pages, le lecteur découvre sa plongée dans l’enfer du harcèlement. À 16 ans, elle connaît sa première dépression et la situation ne s’arrange guère lors de son apprentissage. Pour tenir le coup, elle s’accroche à un rêve : devenir actrice, un milieu qu’elle connaît pour avoir joué avec la troupe des Joyeux Piafs. « La scène et le public ne me font pas peur, avoue-t-elle. J’ai également un projet de court métrage sur ma situation. Je veux montrer à ceux qui se considèrent comme parfaits que, même si l’on est angoissé, on peut arriver à quelque chose »
Son handicap ne l’empêche toutefois pas d’être autonome: elle a passé son permis de conduire et, après diverses tenta tives pour trouver un emploi stable, elle a créé son autoentreprise L’atelier de Ma-rion. Elle affronte même ses peurs sociales en proposant ses créations sur les marchés et présentera son livre, les 10 et 11 juin, lors des rencontres estivales Tous à Cluis.
Marion a rédigé son livre comme elle raconterait son histoire, de manière franche, parfois directe, sans grandes phrases ou belles tournures, à tel point qu’en lisant son récit, on pourrait presque entendre sa voix avec sa colère, mais aussi sa détresse. Un ouvrage qui mériterait de servir de support à des sensibilisations sur le harcèlement scolaire. Quant aux parents qui se reconnaîtraient à travers le témoignage de Marion, ils peuvent en savoir plus en consultant le site de l’Apesac,
Marion Mayet a retracé son histoire.
une association qui a également beaucoup soutenu Marion.
• Disponible à la commande via www.editions-bookenvol.