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Le risque de malformations et troubles neurodéveloppementaux chez les enfants dont le père a été traité par la Dépakine « est sous-estimé », estime vendredi 4 août sur franceinfo Marine Martin, présidente et fondatrice de l’Apesac (association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant).
L’Agence du médicament indique qu’il y a un « risque potentiel chez les enfants dont le père a été traité dans les trois mois qui précèdent la conception », un risque d’environ 6 %. Mais l’ANSM indique également que l’étude menée a ses « limites » et demande des précisions complémentaires aux groupes pharmaceutiques qui commercialisent le médicament.
« Les laboratoires qui produisent la Dépakine se retrouvent de nouveau juge et partie », reproche Marine Martin, qui comprend néanmoins « que l’Agence du médicament n’ait pas les moyens financiers de commander une étude pareille ». Selon la présidente de l’Apesac, les « précautions » prises par l’ANSM montrent qu’il y a déjà « une certitude que ce risque est sous-estimé ».
Une demande de l’ANSM en 2017
« Il faut agir selon le principe de précaution, ce que l’on demande depuis le début », affirme-t-elle. Cette étude émane d’une demande de l’ANSM en 2017 au moment où « l’on a imposé le pictogramme de femme enceinte barré au niveau européen. C’est l’aboutissement de six ans de travail, suite à cette demande ».
Marine Martin « s’attendait » donc à de tels résultats chez les pères : « Lorsque j’ai fait éclater le scandale en 2015, suite à l’exposition de mes deux enfants, j’ai eu beaucoup d’appels de pères ayant consommé de la Dépakine, qui avaient des enfants présentant des malformations et des troubles neuro-développementaux. J’ai compris qu’il y avait un signal », explique-t-elle. Lors de recherches, elle se rend compte que la Dépakine « a été utilisée pour soigner certains cancers, parce qu’elle avait la propriété de modifier le niveau d’expression des gènes ».
La présidente de l’Apesac assure qu’elle connaît aujourd’hui une trentaine de pères dont les enfants présentent des malformations et des troubles. « Si ce médicament ne peut plus être prescrit aux femmes et aux hommes en âge de procréer, à qui peut-il être prescrit ? ». Marine Martin assure qu’elle interrogera l’ANSM sur la question et dit questionner « non pas l’efficacité » du médicament, mais « son utilité ».