Midi Libre, le 09 novembre 2020
Des milliers de femmes, enceintes, avaient pris ce médicament pour des troubles bipolaires, sans imaginer qu’il présentait de graves risques de malformations pour leur enfant. La mise en examen de l’autorité du médicament intervient après celle de Sanofi, qui le produisait, et satisfait l’Apesac. L’association, présidée par la Catalane Marine Martin, dénonce depuis des années ce scandale.
Après la mise en examen du pharmacien Sanofi, en février puis cet été, dans l’affaire de la Dépakine, l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) a à son tour été mise en examen pour blessures et homicides involontaires par négligence, a fait savoir l’institution, ce lundi, par communiqué
L’agence a gravement failli dans son devoir d’information
L’ANSM a pris connaissance de cette décision à la suite d’une convocation ce lundi devant le juge d’instruction. Elle a affirmé, dans ce texte, prendre « toute la mesure de la souffrance des victimes et œuvre depuis plusieurs années afin de limiter l’exposition au valproate des femmes en âge d’avoir des enfants ». De la même façon, elle indique qu’elle répondra « à toute interrogation de la Justice afin d’apporter sa pleine et entière contribution à la manifestation de la vérité ».
Comme Sanofi (soupçonné également de tromperie aggravée), l’ANSM se voit reprocher de n’avoir pas assez rapidement réagi lorsqu’ont été révélés les risques importants de malformations congénitales que la prise de ce médicament par des femmes enceintes faisait peser sur l’enfant à naître. Des risques identifiés dans les années 80. L’un et l’autre auraient ainsi failli à leur devoir d’information, 15 000 à 30 000 enfants, selon les études, indique l’AFP, ayant été victimes d’un handicap à cause du valproate de sodium.
L’espoir que cette décision induise une meilleure indemnisation
Ce lundi soir, l’association d’Aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac) se réjouissait de cette nouvelle étape judiciaire, dans un communiqué signé de sa présidente, Marine Martin. La Catalane, infatigable dénonciatrice de ce scandale, s’attendait à la décision du juge d’instruction, « le directeur de l’ANSM, Dominique Martin, avait déjà reconnu publiquement la responsabilité de l’Agence dans ce scandale sanitaire ».
« Le directeur de l’ANSM, Dominique Martin, avait déjà reconnu publiquement la responsabilité de l’Agence dans ce scandale sanitaire »
L’Apesac espère que « cette décision obligera enfin l’ONIAM à indemniser les victimes « sans chipoter », pour reprendre les propos de l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine », écrit Marine Martin. L’Office national d’indemnisation des accidents médicaux, dénonce-t-elle, ne propose aux victimes, sur la base d’un dispositif « pas du tout favorable », que « des indemnisations au rabais. » « Les plus de 35000 victimes de la Dépakine souffrant de malformations et de troubles neurologiques, les milliers d’enfants décédés doivent être reconnus et indemnisés. »