Le Parisien
Entre 16 600 et 30 400 enfants pourraient avoir été atteints de troubles mentaux et du comportement après avoir été exposés au valproate, un antiépileptique, dans le ventre de leur mère.
Pour les « parents-Dépakine » qui en ont souffert, ce n’est que la confirmation d’un « scandale », disent-ils, dont ils étaient persuadés de l’ampleur. Mais pour beaucoup, dont le regroupement d’associations d’usagers de la santé, France Assos Santé, c’était ce vendredi la sidération.
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Entre 16 600 et 30 000 enfants, exposés à la Dépakine dans le ventre de leur mère, pourraient avoir été atteints de troubles mentaux et/ou du comportement. Cette étude publiée ce vendredi par l’ANSM, le gendarme du médicament, montre des chiffres bien au-delà des premières estimations.
Jusque-là, le nombre maximal de petites victimes potentielles était de 4 100. « Ces données montrent que ni le laboratoire, ni les pouvoirs publics n’ont, malgré les alertes, agi suffisamment en amont pour préserver les enfants », tance Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé. La Dépakine, c’est un antiépileptique de la famille valproate qui, pris pendant la grossesse, peut se révéler nocif pour le bébé. Le risque : des troubles neurocomportementaux et des malformations.
« Maintenant, il faut agir »
En France, le combat pour la reconnaissance de ses effets néfastes est incarné par le visage de Marine Martin, présidente de l’association Apesac et maman de Salomé et Nathan, dont le handicap est lié à la prise du médicament pendant sa grossesse.
L’Apesac est notamment à l’origine de la mise en place du pictogramme « interdit » aux femmes enceintes désormais visibles sur les boîtes de valproate (Dépakine et ses dérivés).
Après la publication des données de l’ANSM et de l’Assurance maladie (Cnam), le laboratoire qui fabrique la Dépakine a haussé le ton : « Sanofi conteste fermement ces estimations qui ne reposent que sur des hypothèses invérifiables d’exposition au valproate ». Et au labo d’assurer que, faute d’avoir pris en compte ses alertes, des « actions judiciaires mettant en cause l’Autorité de santé de l’époque sont en cours ».
« Maintenant, il faut agir », reprend Alain-Michel Ceretti qui en appelle à une « vraie » refonte du système d’information du médicament en général. « Avec les outils numériques de 2018, nous sommes désormais absolument en capacité de cibler un ensemble de patients ayant pris un médicament qui pose problème et de l’informer des risques. Une nouvelle affaire de ce type serait inacceptable. »
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Source : Le Parisien