La Dépêche
Actu Santé – Marine Martin, Présidente de l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant.
Vous êtes à l’origine de cette première action de groupe en matière de santé. Cela a-t-il été dur d’engager une telle procédure qui, jusque-là, n’existait pas ?
Cela a été assez compliqué de monter le dossier, de mettre cette action sur pied. Comme il s’agit d’une première nous n’avions pas de repère, d’exemple auquel nous référer. Avec Joseph-Oudin, notre avocat, nous avons beaucoup travaillé. C’est un spécialiste des affaires de santé et son expérience, notamment dans l’affaire du Médiator, nous sert beaucoup.
Pourquoi engager une action de ce type alors que des centaines de victimes ont saisi les tribunaux individuellement ?
Tout d’abord, l’action de groupe permet à des gens qui n’ont pas d’argent de poursuivre le laboratoire Sanofi pour obtenir réparation. Nous espérons, de plus, que le jugement qui sera rendu facilitera les procédures individuelles. Cette action, comme nous sommes les premiers à y avoir recours, fait de surcroît davantage parler de nous, du combat que nous menons.
Disposez-vous d’éléments, de pièces irréfutables attestant de la dangerosité de la Dépakine et des manquements du laboratoire ?
Nous n’arrivons pas les mains vides devant la justice. Notre mobilisation a déjà permis d’obtenir, en 2014, le changement des notices du médicament, et ce, au niveau européen. Elles doivent désormais comporter les indications relatives à sa dangerosité pour les femmes enceintes et en âge de procréer. Cela pèse devant la justice tout comme ces documents que nous nous sommes procurés et qui attestent que le laboratoire Sanofi avait connaissance depuis de nombreuses années de la dangerosité de son médicament pour les femmes enceintes.
Malgré ces éléments, ces études qui attestent de la dangerosité de la Dépakine dans certains cas, la procédure pourrait être longue…
Nous savons que Sanofi usera de tous les recours possibles pour ne pas faire face à ses responsabilités. Malheureusement, en matière de santé, tous les laboratoires qui se trouvent au cœur d’un scandale, font tout pour ne pas reconnaître leur faute, pour ne pas indemniser les victimes.
Mais, nous sommes déterminés et faisons confiance en la justice. Ce sera long mais nous gagnerons. Nous faisons tout pour cela, pour obtenir que justice soit rendue à nos enfants, à nos proches.