La Nouvelle République
Nous dénonçons la lenteur de la justice dans l’information judiciaire ouverte en septembre 2016 pour tromperie aggravée ayant entraîné des blessures involontaires. Il n’y a eu aucun acte d’instruction, ni perquisition, ni mise en examen, alors qu’il a fallu six semaines pour Jacques Servier » (NDLR le patron du laboratoire fabricant du Mediator).
Rien de nouveau depuis l’ouverture d’une information, fin septembre. Le père d’Euphrasie, 9 ans, renvoie à la rapidité de l’enquête dans l’affaire Servier.
Aurélien Billy, de Saint-Aubin-le-Cloud, est le papa d’Euphrasie, cette fillette de neuf ans polyhandicapée à plus de 80 %. Un mal attribué à la Dépakine, ce médicament pris par sa maman pendant sa grossesse. Au moins trois familles sont touchées par ce scandale sanitaire dans les Deux-Sèvres.
« Ce n’est pas au contribuable d’assumer »
Depuis des années qu’il mène son combat, Aurélien Billy est devenu malgré lui un expert de ce dossier dont il suit scrupuleusement chaque évolution. Dernière en date, l’APESAC (l’association nationale des parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant ; plus de 4.500 victimes ont déjà été recensées), vient de saisir le juge de mise en l’état du tribunal de grande instance de Paris afin d’ordonner la consignation de 400 millions d’euros par le laboratoire Sanofi. « Comme la Caisse nationale d’assurance-maladie l’avait fait avec le laboratoire Servier, rappelle Aurélien Billy. Ce n’est pas à l’Etat et au contribuable d’assumer seul. Le laboratoire producteur de la Dépakine est responsable. » Ce dernier reste sur sa ligne de défense, rejetant la faute sur les autorités sanitaires. Il y a également du nouveau concernant le fonds d’indemnisation à l’Oniam – créé en novembre 2016 dans le cadre du projet de financement de la Sécurité sociale – le décret sur les modalités administratives de ce fond devant paraître ces jours-ci. Sur le plan judiciaire, Aurélien Billy entend se rattacher à l’action de groupe lancée contre les laboratoires Sanofi, une démarche possible depuis la dernière loi Santé, « afin d’établir la responsabilité de ce laboratoire. » Le père d’Euphrasie, résigné : « C’est long, on le savait. »