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DÉPAKINE: L’ANGOISSE D’UNE FAMILLE CHARENTAISE

Le Charente Libre

Un anti-épileptique est soupçonné de provoquer des malformations chez les enfants. «Le Canard Enchaîné» vient de révéler une étude qui fait état de centaines de cas. Des familles charentaises sont concernées.

A 7 mois, Euphrasie, 8 ans aujourd’hui, ne tenait toujours pas sa tête. «C’est là que les médecins m’ont appris qu’elle était handicapée et que sa malformation était irréversible», raconte Christelle Turtaud, sa mère. Cette habitante de Marcillac-Lanville, épileptique, prend de la Dépakine depuis l’âge de 14 ans. Un traitement qu’elle a continué de suivre durant sa grossesse.

Or une étude (1), révélée par Le Canard Enchaîné la semaine dernière, indique qu’entre 2007 et 2014, plus de 10 000 femmes enceintes auraient, comme Christelle Turtaud, pris de la Dépakine, l’anti-épileptique de Sanofi commercialisé depuis 1967. Et selon cette étude, ce médicament provoque 10% de malformations chez les enfants et entre 30% et 40% de troubles du développement…

Le chiffre

52, c’est le nombre de victimes présumées, enfants de familles membres de l’Apesac en Poitou-Charentes. En Charente, l’association recense 11 enfants victimes, dont 1 décédé. En tout, 32 familles picto-charentaises sont membres de l’Apesac, parmi lesquelles 5 en Charente et 17 en Charente-Maritime.

L’étude présentée à l’Apesac le 24 août

Le Canard Enchaîné accuse le gouvernement d’avoir caché l’étude aux familles. Ce que dément le ministère de la Santé qui assure qu’il en présentera le premier volet le 24 août à l’Apesac. Cette association (1 ), fondée en 2011 par la lanceuse d’alerte Marine Martin, elle-même concernée, regroupe 1 500 familles touchées en France. En juin 2016, elle recensait 2 426 victimes présumées de la Dépakine, dont 401 enfants décédés depuis sa création.

Les chiffres annoncés par Le Canard Enchaîné ne surprennent pas les familles: «Nous estimons à 30 000 le nombre de femmes ayant pris de la Dépakine durant leur grossesse depuis le début de sa commercialisation en 1967. Pour nous, le nombre d’enfants victimes est plutôt compris entre

50 000 et 70 000» affirme Angele Podetti, l’une des déléguées Apesac pour le Limousin, le Poitou-Charentes et la Centre.

Cette Creusoise est mère d’une fillette de 12 ans et demi qui vient d’être reconnue autiste. Ce qui l’interroge, c’est que le risque pour le fœtus que fait encourir le valproate de sodium (molécule présente dans la Dépakine, mais aussi dans d’autres traitements antiépileptiques) était connu depuis les années 1980 : «Pourquoi nous a-t-on caché la vérité ? Si on m’avait avertie du risque pour mon bébé, j’aurais arrêté mon traitement sans hésiter» dit Angele Podetti, engagée dans une procédure judiciaire : «J’ai compris en 2008, en entendant une émission où des femmes britanniques évoquaient le lien entre la Dépakine et le handicap de leurs enfants. J’ai jeté mes médicaments et pour mes deux grossesses suivantes, je n’ai rien pris du tout.»

Les familles se sont rapprochées de Maître Joseph-Oudin, avocat au barreau de Paris qui travaille actuellement sur 850 dossiers, dont 4 plaintes au pénal et 15procédures civiles. En se basant sur les chiffres du Canard Enchaîné, l’avocat évalue à environ 710 le nombre d’enfants nés chaque année entre 2007 et 2014 avec des malformations ou des troubles neuro-développementaux. Il souhaite également obtenir des avancées rapides dans la prise en charge et l’indemnisation des victimes.

Restera à déterminer la responsabilité de chacun, médecins, laboratoire, Etat, dans le défaut d’information donnée aux femmes enceintes. Toujours selon Le Canard Enchaîné, ce n’est que depuis 2010 que la notice du médicament indique clairement les risques pour le fœtus en cas de grossesse.

Et c’est seulement en 2014 que l’Agence du médicament a tiré la sonnette d’alarme auprès des médecins. Sanofi, de son côté, indique «ne pas avoir connaissance des données de l’étude» révélée par Le Canard et n’être «donc pas en mesure de les commenter.» En plus de recenser les victimes, l’Apesac se veut aussi un centre de ressources et se charge de diffuser le plus d’informations possibles auprès des familles comme auprès du corps médical.

(1) Apesac 29 rue des Oliviers, 66450 Pollestres

Tél: 09.53.05.07.99

Source : La Charente Libre

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