L’Indépendant
Des experts nommés le 2 février
Pour la maman de Nathan, l’affaire est d’autant plus scandaleuse que le médicament a continué à être prescrit à des femmes enceintes après que ses effets tératogènes ont été répertoriés dans le dictionnaire Vidal, la bible en matière d’information sur les médicaments. « Même si Sanofi le savait depuis bien plus longtemps, ces effets sont inscrits dans le Vidal depuis 2005. Mais des enfants nés après 2005 sont aussi atteints de la maladie, les médecins ne l’ont donc pas lu », se désole-t-elle. La première étape de l’action judiciaire consiste en la nomination d’experts, programmée le 2 février. Ils diront si le traitement est bien à l’origine des atteintes physiologiques et neurologiques de très nombreux enfants, dont Nathan. L’action en justice pour faire reconnaître le laboratoire coupable pourra alors être introduite. « On attend une indemnité compensatoire à vie pour mon fils car il a peu de chances de trouver un travail et sera sûrement placé sous tutelle, souligne Marine qui a arrêté de travailler pour s’occuper de Nathan à temps plein. Et on espère qu’après le procès, la molécule, toujours prescrite, ne soit plus donnée aux femmes enceintes ». (*)Association des parents d’enfants atteints du syndrome de l’anti-convulsivant.
Contacts : http://apesac.free.fr Facebook/apesac, e-mail : apesac@free.fr ou 04 68 55 18 26. Marine et son fils Nathan.
Me Charles Oudin : « On est confiant »
Charles Oudin, qui a déjà plaidé dans l’affaire du Mediator, est l’avocat de cette famille de Pollestres. Il livre son sentiment à quelques jours de la nomination des experts. « On a un dossier très précis, très documenté d’un point de vue médical, qui montre que cette dame a été exposée à la Dépakine pendant sa grossesse, que c’est un agent tératogène et que c’était connu dans la littérature depuis longtemps. Son enfant présente des pathologies typiques. Les experts diront si oui ou non la Dépakine est à l’origine des malformations. On est confiant ». L’avocat poursuit : « Si l’expertise est favorable, on demandera réparation au laboratoire car s’ils tirent profits des médicaments, ils doivent aussi assumer leurs responsabilités et aider les familles en difficulté en les indemnisant ». Quid de la responsabilité des médecins qui ont prescrit ce traitement alors que le Vidal prévenait des risques tératogènes ? « C’est une des questions que l’on posera aux experts : la patiente a-t-elle été suffisamment informée et est-ce pertinent de prescrire ce médicament ? ». Maître Oudin tient enfin à clarifier son action : « On ne dit pas que la Dépakine est un mauvais médicament. Elle marche bien mais il ne faut pas en donner aux femmes enceintes ou susceptibles de l’être ».
Frédérique MICHALAK