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Pères sous Dépakine : « Je me suis dit que c’était moi qui avais empoisonné ma fille »

ALLO DOCTEURS

Comme pour les mères, la prise de Dépakine par les pères dans les trois mois précédant la conception d’un enfant pourrait augmenter les risques de troubles du développement. Jean-Marc, le père de Margot, 14 ans, témoigne.

Cet été, Jean-Marc a reçu un choc : l’alerte des autorités sanitaires sur l’existence d’un lien entre la Dépakine, le médicament qu’il prend depuis des années contre l’épilepsie, et les atteintes neurologiques dont souffre Margot, sa fille de 14 ans.

« C’est un choc déjà parce que vous culpabilisez énormément. Je me suis dit que c’était moi qui avais transmis et empoisonné ma fille, que c’était à cause de moi », explique Jean-Marc Laurent, délégué Papa-Dépakine à l’association APESAC.

Alerter les futurs pères

Son traitement serait donc à l’origine de toutes les difficultés de Margot depuis sa naissance. « On a commencé à voir des troubles très tôt vers deux-trois ans. Elle était maladroite, elle marchait en tombant, elle ne dormait pas et elle avait un regard bizarre. On se demandait ce qu’elle avait. Petit à petit, on plongeait avec des choses nouvelles comme des troubles neurodéveloppementaux, des troubles cognitifs, de la dysphasie, de la dyspraxie… « , poursuit  Jean-Marc.

Parler, écrire, mémoriser, coordonner ses gestes… pour Margot, tous les apprentissages sont plus difficiles. Exactement le type d’atteintes signalé par l’Agence nationale du médicament (ANSM) cet été. Jusqu’à présent, ces conséquences avaient seulement été identifiées quand des femmes enceintes prenaient de la Dépakine, dont le nom scientifique est le valproate. 

« Le nouveau risque est lié à l’exposition cette fois-ci des pères au valproate jusqu’aux trois mois précédant la conception d’un enfant. Le risque est donc pour cet enfant à naître avec des troubles neurodéveloppementaux. Le point important est d’alerter les pères potentiels, aujourd’hui traités par valproate, pour éviter d’exposer à ce risque éventuel les enfants dont ils pourraient être pères dans les années ou les mois à venir », commente le Dr Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM.

Relancer le combat judiciaire 

Pour ceux qui sont déjà pères comme Jean-Marc, cette annonce a surtout déclenché un combat judiciaire contre le laboratoire. Un combat initié par Marine Martin, lanceuse d’alerte sur les dangers de la Dépakine prise par les mères, avec Charles Joseph-Oudin, l’avocat qui l’accompagne depuis neuf ans.

« À ce jour, une dizaine de familles nous ont contactés. Il va falloir démontrer le rôle possible de la Dépakine, l’histoire médicale du père, pour savoir s’il était vraiment sous Dépakine au moment de la conception. Puis l’histoire des enfants et démontrer le lien de causalité », explique l’avocat.

L’inquiétude quant à l’avenir de ces enfants

Jean-Marc est prêt à mener cette bataille. Pour sécuriser l’avenir de Margot malgré ses handicaps. »C’est un combat personnel pour ma fille. Parce que je me demande ce que vont devenir nos enfants après. Je pense beaucoup à l’après, s’ils sont seuls et s’il n’y a pas d’aide pour eux », s’inquiète Jean-Marc Laurent.

Les premières expertises judiciaires pourraient être réalisées cet automne. Et un nouveau logo pourrait apparaître sur les boîtes de médicaments : il signalerait cette fois l’existence de risques pour le fœtus si ce traitement est pris par le père.

Source : allodocteurs, Géraldine Zamansky

 

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