Ouest France
L’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac) mène une action de groupe contre Sanofi, pour ses manquements autour des risques encourus lors de la prise de Dépakine pendant une grossesse. Dans le Calvados, les familles peuvent se tourner vers l’Apesac pour se joindre à l’action de groupe contre le laboratoire pharmaceutique français.
Le valproate de sodium est commercialisé par Sanofi depuis 1967 sous les marques Dépakine (pour les épileptiques), Dépakote et Dépamide (pour les bipolaires). Ce médicament est reconnu comme l’un des plus efficaces pour lutter contre les crises d’épilepsie.
Mais il augmente le risque de malformations physiques (absence de fermeture de la colonne vertébrale, anomalies cardiovasculaires…) et de troubles neuro-développementaux (retard de langage, troubles du spectre de l’autisme…) chez les enfants exposés dans le ventre de leur mère.
7 647 victimes
L’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac) soutient que Sanofi, comme les autorités sanitaires, a trop tardé à informer de ces risques. Selon des estimations de l’Assurance maladie et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), cette molécule serait responsable de malformations chez 2 150 à 4 100 enfants et de troubles neurodéveloppementaux chez 16 600 à 30 400 enfants. L’Apesac, elle, recense 7 647 victimes.
Action de groupe contre Sanofi
L’action de groupe est possible depuis 2016 pour les produits de santé. Elle permet à des patients victimes d’accidents liés à leur traitement de se regrouper dans une seule procédure pour demander réparation devant les tribunaux.
Début janvier 2022, la justice a déclaré « recevable » l’action de groupe de l’Apesac, concluant que le laboratoire n’avait pas respecté « son obligation de vigilance » sur les risques de malformations et de retard de développement. Une première en France dans le domaine de la santé.
« C’est un bon début, même si Sanofi va faire appel, commente Nathalie Vivier, déléguée de l’Apesac dans le Calvados. Cette décision nous incite à continuer et encourage les familles à se lancer. Elles peuvent se tourner vers nous. C’est l’association qui porte plainte, ce qui rend les choses plus simples. Mais il faut être prêt. Nous avons une machine de guerre en face. »
Le laboratoire mis en examen
Parallèlement, Sanofi a été mis en examen en 2020 pour « homicides involontaires » dans la partie pénale du dossier. Par ailleurs, l’association de victimes a obtenu, comme pour le Mediator, la création d’un fonds d’indemnisation spécifique pour les victimes. Une meilleure information sur la notice du médicament. Et la mise en examen de l’Agence du médicament pour « blessures et homicides involontaires par négligence ».
Source : Ouest France par Maëliss ORBOIN.