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L’AGENCE DU MÉDICAMENT, L’ANSM*, TROUVE COMPLIQUÉ D’INFORMER PAR SMS LES PATIENTS, FEMMES ENCEINTES DES RISQUES ASSOCIÉS À L’EPITOMAX.

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« Ah non, Madame Martin, ce n’est pas possible d’envoyer un SMS aux patientes et femmes enceintes, leurs données ne sont pas dans les fichiers ». La révolution de l’information voyageurs a été faite à la SNCF, grâce au plan First et au travail de l’équipe pilotée par Benjamin Huteau. A quand la même transformation dans l’information des patients ?

 

Informée par une étude que leur a communiquée une célèbre lanceuse d’alerte (Marine Martin*), l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, l’ANSM, a estimé trop compliqué d’informer par le biais d’envoi de SMS les patients concernés par une information importante liée à un médicament comme, par exemple, les 32403 femmes en âge de procréer,  sur les dangers de l’Epitomax et autres médicaments qui contiennent du Topiramate. Elle estime que les neurologues ne sont pas tous informatisés et qu’une communication a minima suffit.

 

Le 2 Juin 2022, une étude scandinave publiée dans la revue scientifique JAMA Neurology démontre que le Topiramate, commercialisé sous le nom de Epitomax par le laboratoire Janssen -ainsi que par des laboratoires fabricant des génériques -est présenté comme extrêmement toxique pour le fœtus: l’Epitomax engendre de l’autisme dans 6% des cas, des déficiences intellectuelles dans 8% des cas chez les enfants exposés in utero. L’ANSM, qui n’avait pas dans un 1er temps pris connaissance de cette étude selon Marine Martin, se met en branle et décide, notamment grâce à l’insistance de l’association dirigée par cette dernière, qu’un formulaire de soins informant les patientes doit leur être adressé, les informant des risques durant la grossesse. Le 6 Octobre, comme le prouve le communiqué joint, deux choses étonnent : la mention des troubles autistiques et des malformations n’est pas faite ; et l’Agence du Médicament donne 8 mois aux neurologues pour prévenir leurs patientes ( seuls les neurologues sont habilités à délivrer de l’Epitomax).

 

Pourquoi se passer du SMS, ou d’autres outils de notification ?

 

Convaincue du bénéfice à utiliser des outils plus rapides tel le SMS, Marine Martin, qui intervient comme patiente experte à l’ANSM, s’est vue rétorquer “qu’il n’est pas possible d’envoyer un SMS à toutes les patientes en situation d’être concernées, car les médecins ne sont pas tous informatisés”. Pour rappel, 32403 femmes en âge de procréer prenaient en 2021 du Topiramate et parmi elles, il y a eu 301 grossesses sous ce médicament la même année.

 

La tribune publiée hier dans le Journal du Dimanche rapporte qu’un neurologue qui a demandé à l’Agence du Médicament quelle procédure était recommandée par cette autorité pour informer ses patientes, s’est vu répondre :

 

« Il n’est pas prévu de mettre en place une procédure particulière, même si nous pouvons grâce à l’Assurance Maladie, identifier l’ensemble des femmes concernées en France ». Lors de sa nomination à la tête de l’Agence, Christelle Ratignier Carbonneil a déclaré: “ Je m’emploierai à chaque instant .. afin que l’agence puisse être agile et résolument en prise avec son temps”

 

Le scandale autour de la Depakine n’a, semble-t-il, pas convaincu les autorités de contrôle et l’ordre des médecins de s’emparer d’ outils que tous les français et patients utilisent, tel leur téléphone et le SMS. A quoi servent les outils de notification, qu’utilisent par exemple Doctolib ou des hôpitaux de taille modeste, comme celui de Perpignan, le dossier médical partagé, les patients experts si l’ANSM reste lente ou réticente à informer les patients, les femmes enceintes lorsqu’un médicament comporte des risques que l’on découvre ? C’est le sens de cette tribune postée hier par la présidente de l’Apesac sous le titre: » A l’Agence du médicament, une inertie coupable ».

 

Ceux qui ont avancé.

 

La Caisse Nationale d’Assurance Maladie a mis en place un dispositif d’information des assurés, et retenu à cet effet la plate-forme CM.com, dont Sandrine Lorne se déclarait très satisfaite, lors d’une conférence cette année. Dans le jargon du métier, ceci s’appelle une plate-forme CCaaS. Il en existe plus de 30 disponibles en France et leur utilisation se facture à l’usage. On n’a pas besoin d’être sorti Major de l’école nationale de Santé publique pour savoir utiliser ce type d’outils (le cas de Mme Lorne) mais de disposer d’une base de données. Qu’on n’est pas obligée non plus de gérer sur Salesforce, des éditeurs français font ceci très bien et sans des centaines de KE de mise en place et d’intégration. En clair, ce n’est pas compliqué, cher, long, infaisable :). Bon, de temps à autre, il faut qu’une Ministre à qui on ne la fait pas décide de suivre le sujet et le calendrier de déploiement. Voir point suivant.

 

Dans un autre domaine, celui des transports, la SNCF a, par exemple et par contre considérablement revu ses process d’information des voyageurs, après un gros chantier réalisé par l’équipe de Benjamin Huteau. En Juillet 2017, après une gigantesque panne à la Gare Montparnasse, et un rapport d’audit, la ministre des Transports de l’époque Elisabeth Borne avait ordonné un calendrier raccourci sur la mise en oeuvre d’une meilleurs information des voyageurs. Le plan First, la scénarisation de ce qui doit être déployé et comment l’information peut être collectée et partagée, ont nécessité un investissement de 150 millions d’euros sur 3 ans. L’information partagée, avec les outils et notamment des plateformes CCaaS, la clé de l’expérience patients.

 

Pour en savoir plus sur les parcours patients, les outils qui les facilitent, suivez notre rubrique : Expérience Patient. Ci-dessus, l’ouvrage retraçant l’expérience du Dr Pascale Vermont sur l’accompagnement, aux Etats-Unis, des familles endeuillées par un deuil périnatal. Disponible ici, éditions Malpaso.

 

Source : Manuel Jacquinet.

 

*ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé

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