La Dépêche
Le parquet vient d’ouvrir une enquête sur ce médicament administré aux femmes enceintes et soupçonné de provoquer des malformations sur le fœtus.
Un nouveau procès de médicaments se profile-t-il à l’horizon ? Selon Le Figaro, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire portant sur la Dépakine, ce médicament antiépileptique produit par les laboratoires Sanofi depuis 1967, et attaqué depuis des années car il serait responsable de graves malformations chez le fœtus.
Pour les familles, dont les enfants souffrent des effets secondaires de la Dépakine, c’est peut-être l’épilogue d’un long combat. Le quotidien national a également mis la main sur un document daté de 1989 dans lequel des experts mettent en garde les autorités sanitaires et Sanofi contre les effets indésirables du médicament dont le principe actif est l’acide valproïque.
Les instances étaient donc déjà au courant, mais l’information a-t-elle été relayée auprès des médecins prescripteurs et des familles concernées ? C’est toute la question, celle que se posent les victimes.
Deux plaintes déposées
«Je suis extrêmement contente de cette décision qui va donner du poids à notre action. Le gouvernement veut se saisir à son tour du dossier. J’avais moi-même déposé deux plaintes, l’une au civil, en 2012 à l’encontre de Sanofi et des médecins prescripteurs de ce médicament, l’autre au pénal en mai 2015 sous la forme d’une plainte contre X. Deux autres familles ont entamé la même démarche. Le document daté de 1989 qu’évoque Le Figaro démontre bien que l’État était au courant du lien entre l’acide valproïque et les effets indésirables sur le fœtus», nous indiquait hier Marine Martin, une mère de famille domiciliée à Pollestres (66), et présidente nationale de l’Apesac. L’Association d’Aide aux Parents d’Enfants souffrant du Syndrome de l’Anti-Convulsivant attendait avec impatience le vote du projet de loi sur les actions de groupe qui permet aux usagers de produits de santé d’agir ensemble en justice.
Une étape capitale se joue après la décision de l’État de s’interroger plus au fond sur les dangers éventuels de ce médicament. L’acide valproïque serait la cause de spina-bifida, une maladie soupçonnée d’être à l’origine de troubles moteurs, de paralysie et d’incontinence. Il serait aussi responsable d’une forme d’autisme et de troubles du comportement.
Mis sur le marché en 1960, le médicament a fait l’objet de plusieurs communications scientifiques qui n’ont jamais cessé de s’interroger sur les méfaits de l’acide valproïque. Retour sur l’histoire : dans les années soixante, un autre médicament, la thalimolide, s’était déjà retrouvé sur la sellette. Ce sédatif et anti-nauséeux prescrit aux femmes enceintes, provoquait de graves malformations congénitales. Un scandale sanitaire qui aboutit au retrait du médicament du marché dès 1961…
L’IGAS déjà alerté
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a demandé en juillet à l’Igas, l’Inspection générale des affaires sociales, de se pencher sur l’impact sanitaire du médicament. Une décision intervenue après que le député PS Gérard Bapt (31) eut adressé un courrier à l’Agence nationale de sécurité du médicament et à la CNAM.
Sur la base de données Efemeris créée en 2006 avec une mission d’alerte, on recense en Haute-Garonne 6 cas de malformations et 14 interruptions de grossesse pour 118 mères traitées par valproate pendant leur grossesse.