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Père sous Dépakine: le difficile combat d’un Palois pour sa fille

La Républiques des Pyrénées

Une nouvelle étude montre une augmentation du risque de troubles neuro-développementaux chez les enfants dont le père a été traité par la Dépakine. Une preuve de plus dans le combat de Jean-Marc Laurent pour sa fille Margot.

La première étude de mai 2023 sur la Dépakine suggérait un «risque potentiel de troubles». Désormais, le risque est avéré. Legroupe d’intérêt scientifique (GIS) ANSM-Cnam Epi-Phare vient de confirmer une augmentation du risque de troubles neurodéveloppementaux, en particulier du trouble du développement intellectuel, chez les enfants dont le père a été traité par valproate (molécule à la base de la Dépakine) dans les quatre mois précédant leur conception. Les mères traitées par cet antiépileptique, fabriqué par Sanofi à Mourenx, pendant leur grossesse ne sont donc plus les seules concernées.

Pour aller plus loin, l’Agence nationale de sécurité du médicament détaille les résultats de l’étude réalisée à partir des données de la Sécurité sociale (Système national des données de santé pour les enfants nés entre 2010 et 2015). Ceux-ci montrent une augmentation globale de 24% du risque de troubles du développement intellectuel chez les enfants de père traité au moment de la conception, contrairement à ceux dont le père était traité par deux autres médicaments.

Une bataille encore plus difficile pour les hommes

Jean-Marc Laurent fait partie des pères traités depuis des décennies par les dérivés du valproate, afin de traiter une épilepsie accidentelle, contractée en Afrique suite à une parasitose du cerveau.

Désormais installé en Gironde, ce soixantenaire né à Pau, a toujours gardé des attaches très fortes en Béarn, notamment en vallée d’Aspe. Il fait partie des pères très impliqués pour dénoncer le scandale de la Dépakine, via notamment l’APESAC (Association d’Aide aux Parents d’Enfants souffrant du Syndrome de l’Anti-Convulsivant).

Les troubles multi-dys de sa fille Margot, 16 ans aujourd’hui, ont commencé à être observés lorsqu’elle a eu 4 à 5 ans. «J’ai alors commencé à entendre parler des problèmes pour les femmes traitées à la Dépakine et je me suis toujours demandé pourquoi cela ne concernait pas aussi les pères. Pourquoi, nous aussi, nous ne pouvions pas être à l’origine de la transmission et engendrer des troubles sur nos enfants», témoigne-t-il.

Il rentre alors en contact avec l’Apesac, même si, à l’origine l’association était portée essentiellement par des mères. Au fil des ans, les hommes ont été de plus en plus nombreux à rejoindre son combat. Une bataille difficile à mener pour eux, les pères devant pouvoir apporter la preuve de leur traitement avant la conception de leur enfant. De quoi donner du fil à retordre à Jean-Marc Laurent, la mort de son ancien médecin traitant ayant effacé toute trace de son suivi à cette époque.

Alerter tous les futurs papas

«Cette dernière étude scientifique ne résout pas la problématique de la constitution de mon dossier, mais cela m’enlève un peu de ma culpabilité», confie-t-il. «Désormais on va enfin pouvoir nous croire et reconnaître la légitimité dans notre combat».

Le scandale Dépakine concerne également l’usine de production Sanofi de Mourenx. Pour mémoire, une mère de deux enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme, salariée sur le Bassin de Lacq, avait déjà porté plainte pour dénoncer les effets des rejets toxiques du groupe pharmaceutique.

Quant à la plainte de la CGT Sanofi , elle s’est conclue par la mise en examen pour plusieurs infractions dans l’enquête portant sur de possibles rejets toxiques de son usine, mais toujours sans suite judiciaire un an après.

Pour Jean-Marc Laurent, l’essentiel est d’obtenir a minima une reconnaissance pour tous les enfants touchés. «Il faut qu’ils puissent être accompagnés, que la justice leur permette d’avancer plus sereinement.» Sa fille Margot souffre désormais de troubles tels qu’elle est actuellement hospitalisée. «C’est la première fois qu’elle va aussi mal», souffle son père.

Son combat est également destiné à alerter un maximum de futurs papas traités par cet antiépileptique. «S’il ya un projet de bébé pour les personnes concernées, il faut absolument en parler.»

Suite à la dernière étude, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a modifié les conditions de prescription et de délivrance du traitement par valproate, dans l’objectif de limiter l’exposition par le père des enfants à naître à ce traitement.

En France, depuis janvier 2025, seuls les neurologues, psychiatres et pédiatres peuvent désormais commencer à prescrire ce médicament aux hommes susceptibles d’avoir un enfant. Lors de ce rendez-vous, le médecin et le patient doivent cosigner une attestation d’information partagée.

Source : La République des Pyrénées

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