La Dépêche
La Chambre d’Instruction d’Aix-en-Provence vient de confirmer la mise en examen du laboratoire Merck, pour « tromperie aggravée », dans le dossier du changement de formule du médicament Levothyrox. D’autres laboratoires ont été impliqués dans de graves affaires sanitaires et judiciaires ces dernières années.
C’est une victoire pour les milliers de personnes qui ont souffert d’effets indésirables graves après avoir consommé la « formule 2017 » du Levothyrox. La Chambre d’Instruction d’Aix-en-Provence vient de confirmer la mise en examen du laboratoire Merck : la firme allemande s’expose donc à une potentielle condamnation pour « tromperie aggravée ». Dans ce cas de figure, ce ne serait pas la première fois qu’une catastrophe sanitaire donnerait lieu à une sanction judiciaire. Plusieurs laboratoires ont été épinglés par la justice.
Le Mediator et les laboratoires Servier
Le Mediator, médicament prescrit dans le cadre d’un traitement contre le diabète de type 2, a été commercialisé en France de 1976 à 2009. « La toxicité de son principe actif, le Benfluorex, connue des laboratoires Servier qui l’ont maintenu sur le marché, a causé les décès et pathologies graves de milliers de personnes », indique l’Assurance Maladie. Des patients ont indiqué qu’ils souffraient de graves valvulopathies cardiaques et d’hypertension artérielle pulmonaire.
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En 2021, les laboratoires pharmaceutiques Servier ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris à une amende de 2,718 millions d’euros pour « tromperie aggravée » et « homicides et blessures involontaires ». En appel, le groupe a été reconnu coupable « d’escroquerie » : il a finalement décidé de se pourvoir en cassation.
L’Androcur et le laboratoire Bayer
Cette pilule – qui a été conçue pour soigner l’hirsutisme, l’endométriose ou encore l’acné sévère et comme contraceptif – a été décriée en raison des risques accrus de méningiomes (tumeurs cérébrales bénignes) après une utilisation prolongée. En novembre 2024, une plainte pour « mise en danger d’autrui » et « tromperie aggravée » a été déposée par l’association Amaeva, une structure qui fédère l’ensemble des victimes de l’Androcur et d’autres traitements hormonaux dérivés de la progestérone. La cible : le laboratoire Bayer. Le premier procès au civil s’est ouvert le 7 avril dernier à Poitiers (Vienne). Le délibéré est attendu pour le 2 juin prochain.
La Dépakine et Sanofi
Cette molécule antiépileptique – prescrite depuis la fin des années 1960 – est suspectée d’être à l’origine de malformations et de troubles neurodéveloppementaux chez 16 000 à 30 000 enfants en France. En septembre 2024, le groupe pharmaceutique Sanofi a été condamné et reconnu « responsable d’un défaut d’information des risques » par le tribunal judiciaire de Paris. Le laboratoire a fait l’objet d’une amende : quelque 300 000 euros devront être versés à la lanceuse d’alerte Marine Martin, présidente de l’association d’Aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac).
L’Isoméride et le laboratoire Servier
Commercialisé par le laboratoire Servier, l’Isoméride était utilisé comme un coupe-faim, dans le cadre d’un traitement plus global contre l’obésité. Soupçonné de causer des effets indésirables d’hypertension artérielle pulmonaire et des problèmes cardiaques, ce médicament a finalement été retiré de la vente en 1997. « 7 à 10 millions de Français ont absorbé de l’Isoméride entre 1985 et 1997 », estime l’Association d’aide aux victimes de l’Isoméride et du Mediator (AVIM).
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Les laboratoires Servier ont été condamnés en 2006 à verser 130 500 à la famille d’une femme de 47 ans, mère de famille, décédée le 31 octobre 1995. En 2011, le laboratoire Servier a de nouveau été reconnu coupable, et a été condamné à verser 145 500 euros à la famille de la victime.