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Les risques neuro-développementaux de la Dépakine, chez les enfants dont le père a été traité par cet antiépileptique, ont été enfin reconnus. Désormais, ces « pères Dépakine » attendent une indemnisation au même titre que les mères
« Je suis un père sous Dépa, avec une enfant aux troubles développementaux potentiellement avérés à cause de la molécule de valproate. » Jean-Marc Laurent vit à Bordeaux et se bat depuis des années, avec l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant (Apesac) qui rassemble plus de 8 000 personnes, afin que les pères soient pris en compte dans la défense des enfants victimes au même titre que les mères. Car lui aussi, traité par cet antiépileptique, ne savait pas, lorsqu’il a conçu sa fille, qu’il risquait lui transmettre des troubles qui l’empêcheraient
de mener une vie normale. Le laboratoire Sanofi, qui commercialise le médicament, a été jugé responsable par le tribunal judiciaire de Paris, le 5 janvier 2022, pour « faute en manquant à son obligation de vigilance et son obligation d’information ».
Indemnisation
Les risques pour les hommes et leurs enfants ont été longs à se faire reconnaître : « Si des papas peuvent éviter désormais que leur enfant subisse potentiellement des troubles liés au Valproate, c’est une avancée, pour cela il faut qu’ils soient alertés par leur médecin. » Jean-Marc Laurent, avec la présidente de l’Apesac et lanceuse d’alerte Marine Martin, travaillent avec les élus pour faire entrer les pères des enfants victimes de la Dépakine dans le dispositif d’indemnisation déjà existant à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux pour les mères ayant consommé ce médicament pendant la grossesse.
Dès 2017, plusieurs études ont démontré que la Depakine peut avoir un impact sur la fertilité et la santé reproductive. Depuis le 6 janvier 2025 , l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) durcit les conditions de prescription et d’information auprès des hommes, soit un premier pas dans la reconnaissance de ce risque, tout comme le renforcement de l’information préventive dans le cadre de toute prescription de cette molécule. Dans la foulée, le 11 février dernier, une question a été posée à l’Assemblée nationale par la députée RN, Christine Loir, visant à inclure les hommes dans le dispositif d’indemnisation, comme le réclame l’Apesac.