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A Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, la maman de deux enfants autistes a porté plainte contre Sanofi pour mise en danger d’autrui en raison des rejets de l’usine. Plusieurs familles pourraient suivre.
Le scandale de la Dépakine connaît un nouveau volet. Ce médicament fabriqué par Sanofi a été reconnu responsable de malformations et de troubles chez les enfants, dont les mamans ont été traitées avec cet anti-épileptique pendant la grossesse. Une maman de deux enfants autistes, qui présentent des troubles similaires, vient de porter plainte contre le géant pharmaceutique pour mise en danger auprès du pôle santé du tribunal judiciaire de Paris. Elle n’a jamais pris le médicament mais travaille à proximité de l’usine Sanofi de Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques. D’autres familles envisagent de faire de même. Toutes s’interrogent sur les rejets dans l’air du principe actif du médicament et les pathologies de leurs enfants.
« On découvre aujourd’hui que la contamination se fait aussi par les voies aériennes », constate Charles Joseph-Oudin, avocat de victimes de la Dépakine, invité sur franceinfo. Il explique que certaines femmes présentent de la Dépakine dans le sang alors qu’elles n’en ont pas consommé. « Il va falloir trouver le lien de causalité, si on trouve de la Dépakine dans le corps des femmes on a déjà un élément très fort pour prouver qu’il y a une exposition directe mais on peut le prouver aussi avec les enfants, assure l’avocat. Ceux affectés par la Dépakine présentent des troubles extrêmement caractéristiques. » « Le temps ne joue pas en faveur des victimes », prévient Me Joseph-Oudin, il appelle les familles à se faire connaître rapidement et à en parler avec leur médecin.
« Il y a une omerta totale »
C’est le cas d’Aurélie, un prénom d’emprunt, qui pour l’instant rassemble des preuves. Chez son fils aîné, aujourd’hui âgé de 8 ans, les premiers signes sont apparus fin 2018. Soit plus d’un an après l’installation de la famille à Mourenx, à proximité de l’usine Sanofi. « Des sortes d’absences et comme des crises de violence. Il a été diagnostiqué épileptique. On l’a trouvé deux fois inanimé en train de s’étouffer dans son vomi », raconte la mère de famille. L’enfant développe d’autres troubles de la coordination, de l’attention, des troubles alimentaires et visuels. Aurélie s’interroge sur le lien entre ces pathologies et les émanations de l’usine et surtout sur l’éventualité d’une plainte : « Ce qu’on demande depuis 2019 à Santé publique France ou à l’Agence régionale de santé, c’est juste qu’il y ait des investigations sur la population et notamment sur les enfants du secteur. Porter plainte ça fait peur aussi… »
Un sentiment que Marine Martin, qui préside l’Apesac, l’association des victimes de la Dépakine, constate souvent : « J’ai été contactée par plusieurs familles et aujourd’hui il y en a plus de 10 qui sont dans des démarches, mais il y a une omerta totale. C’est une grosse entreprise. Peut-être qu’une libération de la parole via cette première plainte va ouvrir la porte à d’autres plaintes. » Prélude, selon elle, à un long combat judiciaire.