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FEMMES ENCEINTES ET ENFANTS À NAÎTRE ENCORE TRÈS EXPOSÉS AUX MÉDICAMENTS

REVUE PRESCRIRE N° 462 – AVRIL 2022

En France, selon les résultats convergents de plusieurs études, les femmes enceintes sont encore très exposées aux médicaments, y compris à ceux dont les effets indésirables graves sur l’enfant à naître sont avérés.

Une étude épidémiologique menée entre 2015 et 2016 s’est intéressée aux données de remboursement des médicaments d’un échantillon d’environ 17 000 femmes enceintes, représentatif des femmes enceintes en France pendant cette période. Selon cette étude, 3 femmes sur 5 avaient été exposées à un médicament dans les 3 mois précédant la grossesse, et la moitié d’entre elles avaient été exposées à au moins 8 médicaments au cours de leur grossesse. Parmi les médicaments concernés, certains étaient connus pour exposer à des effets indésirables graves aux conséquences durables pour l’enfant à naître : rétinoïdes par voie orale ou cutanée, antiépileptiques, notamment l’acide valproïque (Dépakine° ou autre), antivitamine K, anti-inflammatoires non stéroïdiens ou médicaments hypotenseurs tels que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les sartans.

Une autre étude française, menée entre 2010 et 2018, a montré des reports de prescription de la dompéridone (Motilium° ou autre) vers la métopimazine (Vogalène°), qui expose pourtant elle aussi à des effets indésirables disproportionnés, notamment cardiaques, et vers les sétrons, ces derniers exposant notamment à des risques de malformations en début de grossesse.

À l’inverse, seule 1 femme sur 8 avait reçu une prescription d’acide folique dans les 3 mois précédant la conception, alors que le bénéfice de ce médicament est démontré en prévention des anomalies du tube neural.

Ces données montrent qu’en France les femmes enceintes sont encore exposées à de nombreux médicaments, dont certains ont des effets nocifs avérés sur l’enfant à naître, et alors que les dangers de beaucoup d’autres sont peu ou mal connus. D’où l’importance, pour les soignants, comme pour les femmes et leurs conjoints, d’anticiper les risques, et d’intégrer systématiquement la possibilité d’une grossesse à venir, prévue ou imprévue, dans les critères de choix des médicaments.

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