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Marine Martin est la mère de famille qui a lancé l’alerte sur les dangers de la Dépakine pendant la grossesse. Depuis sa première plainte, en 2015, la justice n’a pas assez avancé à son goût.
Marine Martin, âgée de 47 ans, est mère de deux enfants et épileptique. Toute sa vie, elle a pris de la Dépakine, sans que les médecins ne l’alertent sur les risques pendant la grossesse. Quand son fils, Nathan, est né, “il y avait une malformation génitale. À l’âge de parler, il ne parlait pas. À l’âge de marcher, il ne marchait pas. Il a des malformations, des troubles cognitif, de l’autisme”, nous décrit la mère de famille. “C’est vraiment beaucoup de malchance pour être honnête”, se dit alors Marine Martin.
Elle entame donc des recherches sur un outil à la portée de tous : Google. Et il ne lui faut pas longtemps pour découvrir, sur le site d’un hôpital, que la Dépiakine – qu’elle prend tous les jours – est deuxième sur la liste des médicaments les plus dangereux pour la grossesse. Surtout, le site décrit toutes les atteintes neurologiques qui touchent son fils. De découvertes en découvertes, elle tombe sur d’autres études allant dans ce sens.
Cette habitante des Pyrénées-Orientales se précipite alors sur la notice du traitement, mais n’y trouve absolument rien au sujet de la grossesse. “Tous les jours, des enfants vont naître sous Dépakine, toi tu sais et tu ne fais rien”, se dit rapidement la jeune femme. Au début de l’année 2011, elle décide donc de lancer l’alerte, en s’inspirant d’Irène Frachon, la pneumologue qui a dénoncé les dangers du Mediator.
Combat en justice
Depuis, Marine Martin a lancé l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsant (APESAC). Elle a médiatisé son cas et porté plainte contre le laboratoire français Sanofi en 2015. Mais la justice est trop lente au goût de la lanceuse d’alerte. La Perpignanaise s’attendait à “des saisies chez Sanofi quelques semaines après le lancement de la procédure”. Mais, finalement, “pas grand chose ne bouge, on attend le résultat d’une étude pharmacologique, on a fourni beaucoup de documents au juge”.
Au civil, la situation n’est guère plus avancée. Marine Martin a été condamnée après avoir réclamé des provisions sur frais d’instance – de quoi payer son avocat – comme elle l’explique à Yahoo. “Au niveau justice, je suis un peu effrayée”, nous confie la mère de famille.
En parallèle, l’office nationale d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) a commencé à indemniser les premières familles. “Mais on leur propose des montants ridicules”, constate Marine Martin. “À part une famille qui s’est vue proposer 1,3 million, pour le reste, c’est dérisoire”, regrette la lanceuse d’alerte, “parce que les experts réfutent systématiquement les diagnostics d’autisme même s’ils ont, au préalable, été posés par des centres ressources autisme”. Elle n’espère qu’une chose désormais : voir le laboratoire Sanofi sur les bancs du tribunal, tout comme le seront les responsables de Servier dès ce 23 septembre au sujet du Mediator.
Source : Yahoo Actualités, Lucile Descamps