Le Télégramme
L’élection de Miss Handi France se déroule dimanche à Gouesnou. Parmi les candidates, Paméla Monnier, déléguée Bretagne de l’Apesac. Marine Martin, la présidente de cette association qui réunit les victimes de la Dépakine, est arrivée ce vendredi à Brest pour la soutenir.
« Nous sommes dans un remake du Mediator et cela n’avance pas », déplore Marine Martin, présidente de l’association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac).
Un cauchemar fondateur
L’Apesac se bat pour faire indemniser les enfants victimes de malformations parce que leur mère épileptique prenait de la Dépakine. Pendant 50 ans, les femmes ont conçu des enfants sans savoir que le médicament qu’elles prenaient pour leur épilepsie provoquait des malformations. « Maman d’une petite fille née en 1999 et d’un petit garçon né en 2002, je n’ai découvert qu’en 2009 que leurs problèmes venaient du médicament de Sanofi, alors que des études internationales avaient déjà souligné le risque plusieurs années auparavant. La nuit du 31 décembre 2010, j’ai fait un cauchemar violent. J’ai pensé à toutes les femmes qui prenaient ce médicament alors qu’elles voulaient un enfant. Je me suis dit que si je ne faisais rien, c’était de la non-assistance à personne en danger ! ». En 2011 elle découvre le scandale du Mediator et le combat du Dr Irène Frachon, devenue aujourd’hui une amie. Elle contacte un avocat et lance l’association Apesac qui, au fil du temps, a obtenu la modification de la notice du médicament en 2014 ou encore la création d’un pictogramme pour les médicaments à effet tératogène, c’est-à-dire susceptible de favoriser des malformations du fœtus.
« Sanofi ne veut pas payer »
Le combat judiciaire est long. « J’ai déposé plusieurs plaintes. Nous avons aussi lancé une action collective. Une première condamnation de Sanofi a été prononcée en appel à Tours en novembre 2017, avec une indemnisation de 2 M€ pour une victime, mais le laboratoire est allé en cassation. Les premières indemnisations pourraient intervenir à l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam), mais Sanofi ne veut pas payer ! », ajoute Marine Martin qui sera dimanche à Gouesnou pour soutenir l’une des victimes de la Depakine, Paméla Monnier, candidate au concours national du comité Handi Modèle.
Huit opérations
La jeune femme de 26 ans est aussi la déléguée régionale Bretagne de l’Apesac, elle vit à Trévérien en Ille-et-Vilaine et a été élue Miss Handi Bretagne 2018. Un autre moyen de faire connaître le combat des victimes. « En regardant une émission télévisée dans laquelle Marine avait été invitée, ma mère a découvert que mes problèmes et le décès de mon frère à un mois et demi étaient liés à la Dépakine qu’elle prenait. Cela a été très violent et dévastateur pour elle, moi je n’y ai pas cru au départ, c’est mon médecin qui m’a convaincue », explique Paméla qui a décidé de s’investir pour aider les autres. Pourtant, son parcours personnel a été difficile : à 19 ans elle a subi une opération pour réparer une malformation des valves cardiaques. « Sept opérations ont aussi été nécessaires pour retirer une tumeur près de l’œil qui ne cessait de grossir pendant ma croissance ». Militante, Paméla a vaincu sa timidité et a osé, ceinte de son écharpe de Miss, interpeller le président de la République pour lui remettre un flyer de l’Apesac. L’association compte 458 adhérents en Bretagne, dont 145 dans le Finistère. Une partie d’entre eux viendront rencontrer Marine Martin ce samedi à Brest.
Pratique
Élection Miss et Mister handi France, dimanche, à partir de 13 h, salle Henri-Queffelec, à Gouesnou. Entrée gratuite sur réservation. Contact : tél. 06 63 89 92 32.
À LIRESUR LE SUJETDépakine. Des risques trop longtemps cachés
Source : le télégramme