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Près de 100 000 euros de « cafés offerts par les laboratoires »

BastaMag PharmaPapers, 14 décembre 

Quand un médecin ironise sur ses propres liens d’intérêt… et sur le scandale de la Dépakine

Erwan Donal, le cardiologue dont nous parlons dans notre enquête sur le Congrès Preuves&Pratiques (lire « Immersion dans un congrès de formation de médecins sponsorisé par Big Pharma ») est loin d’être le seul des 18 intervenants à entretenir des liens d’intérêts avec les laboratoires. La première slide de l’exposé d’Arnaud Biraben, neurologue spécialiste de l’épileptologie au CHU de Rennes, indique qu’il ne « déclare ne pas avoir de liens d’intérêts conduisant à des conflits particuliers à ce jour dans le cadre de cette présentation ». En l’occurrence, celle-ci porte sur la « prise en charge des patients épileptiques : ce qui a changé (ou pas…) ». À l’oral, il plaisante : « J’ai eu beaucoup de cafés offerts par les laboratoires »… Effectivement, la facture est salée ! L’industrie pharmaceutique a dépensé 95 676 euros à son profit depuis 2012… Et encore, pour 63 contrats, aucun montant n’est indiqué. En tout, il a entretenu 510 liens d’intérêts avec les laboratoires depuis six ans, selon les données de la base Transparence santé.

Sa présentation s’en ressent. « C’est aussi dur de prescrire du valproate aux femmes, même aux petites filles, que de réaliser une ascension en marche arrière, car on a des soucis avec une certaine association », se lâche-t-il, en référence évidente à l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac). C’est elle qui a mis en lumière le scandale de la Dépakine (dont le valporate est la dénomination commune internationale). Cet antiépileptique est responsable de cas de malformations et de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants qui y sont exposés pendant la grossesse. L’Apesac est soutenue par le parlementaire de La France Insoumise, François Ruffin, dans son livre, « Un député et son collab’ chez Big Pharma », publié en septembre dernier par Fakir éditions.

En réalité, c’est l’Agence du médicament (ANSM) qui a interdit de prescrire les traitements à base de valporate comme la Dépakine aux femmes, adolescentes ou en âge de procréer, sauf exceptionnellement. « Même si nous avons dû lutter longtemps pour que l’agence du médicament passe enfin à l’action », précise Marine Martin, la mère courage présidente de l’Apesac, auteure de Dépakine, le scandale. L’ANSM estime que plus de 14 300 grossesses ont été menées sous valproate entre 2007 et 2014 ; date à laquelle elle a envoyé un premier courrier aux médecins pour leur demander de ne pas la prescrire aux femmes enceintes. Une étude de l’agence estime aussi que les enfants exposés à cet antiépileptique dans le ventre de leur mère ont quatre à cinq fois plus de risques d’être atteints de troubles neurodéveloppementaux que les autres. Des informations qui semblent avoir échappé au neurologue, qui n’a pas répondu à nos demandes d’entretien…

La Dépakine est responsable de cas de malformations et de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants qui y sont exposés pendant la grossesse.

Par Rozenn Le Saint 

 

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