Le Figaro
La Dépakine, médicament anti-épileptique, est la cause probable de malformation chez plusieurs centaines d’enfants.
«Ma mère est épileptique depuis l’âge de 11 ans, c’est à ce moment-là qu’elle a pris de la Dépakine (dont la substance active est le valproate, NDLR). Je suis née en 1987, mais ce n’est que l’an dernier que nous avons compris le lien entre mes problèmes et la Dépakine.J’ai un faciès mongoloïde assez flagrant de telle sorte qu’enfant, on m’a fait un caryotype pour savoir si je n’étais pas trisomique. L’école a été le malheur de ma vie, car les enfants sentent la différence. Je me souviens combien j’ai pleuré assise par terre, les autres se mettant autour de moi en arc de cercle. Aujourd’hui, mon visage s’est affiné, et on me pose moins la question. Mais mes yeux en amande trahissent bien le syndrome valproate, et quand je vois d’autres personnes avec le même visage que le mien dans la rue, je me dis que ce n’est pas possible, nous, les enfants Dépakine, on se ressemble tous! J’ai gagné une grande famille.
Quand j’avais 6 ans, on m’a diagnostiqué une maladie de la hanche et le médecin a fait le lien entre ma pathologie et la Dépakine prise par ma mère. Sauf qu’il ne nous l’a pas dit, je ne l’ai appris que récemment en lisant mon dossier médical. J’estime avoir été trahie par ce médecin. Aujourd’hui, je vais être appareillée car j’entends très mal de l’oreille droite. C’est encore un effet secondaire du valproate. À 29 ans, avoir une prothèse auditive, c’est raide.
Mais ma vraie douleur, mon inestimable souffrance, c’est de ne pas savoir si je peux avoir un enfant. J’ai pris rendez-vous avec un généticien. Il me dira si je peux sereinement tomber enceinte ou s’il y a un risque que je transmette mes pathologies attribuables à la Dépakine qu’a pris ma mère pendant sa grossesse. Actuellement, les généticiens étudient la possibilité que les pathologies de la première génération puissent être transmises aux suivantes. Comme dans le cas du Distilbène.
»LA RÉDACTION VOUS CONSEILLE:Dépakine: au moins 8701 enfants exposés in utero
La Dépakine prescrite à 10.000 femmes enceintes de 2007 à 2014
Source : le figaro