Le Monde
Les époux, tous deux épileptiques, prennent ce médicament depuis leur plus jeune âge. Exposés durant la grossesse de leur mère, les enfants, jumeaux, sont nés autistes.
« Voilà la source de notre misère », lâche Jean-Henri Bigot en brandissant une petite boîte blanche. Après dix ans de combat contre la stérilité, lui et sa femme, Anne, ont donné naissance en 2007 à des « jumeaux Dépakine ».
Mathis et Léa, autistes, présentent une dysmorphie faciale et de multiples complications physiques. Les époux, tous deux épileptiques, été traités avec de la Dépakine pendant des années. Comme Anne, entre 2007 et 2014, 14 000 femmes ont pris ce médicament désormais formellement interdit aux femmes enceintes.
Après la sidération, et la dépression qu’il a surmontée, le couple a dû affronter un quotidien devenu si compliqué. Aujourd’hui, Jean-Henri et Anne Bigot se sentent prêts à mener une autre bataille, sur le front judiciaire cette fois. Epaulés par les avocats de l’association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac), ils ont constitué un volumineux dossier, témoignant de trente ans d’une vie marquée par la prise de cet antiépileptique « qui a bousillé leur vie ».
Ils espèrent que l’action de groupe lancée, mardi 13 décembre, par quatorze familles contre le laboratoire Sanofi – une première en France en matière de santé depuis la promulgation de la loi santé en janvier – leur permettra de voir reconnu leur statut de victime, de faire condamner les responsables et d’obtenir réparation.
Une histoire de famille
Dans le cas d’Anne, l’épilepsie est une histoire de famille. Elle souffre de cette maladie comme sa grand-mère, sa mère et sa nièce. En 1967,…
L’accès à la totalité de l’article est protégé : http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/12/13/anne-et-jean-henri-parents-de-deux-enfants-depakine-ce-medicament-a-bousille-notre-vie_5048002_3224.html