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Dépakine. L’hypothèse d’un saut de génération

Le télégramme 

Le ministère de la santé devait dévoiler à 14h des mesures pour prendre en charge les  » bébés Dépakine « . L’un d’eux, Marie Lemesle est convaincue que l’antiépileptique a aussi «ruiné» la vie de ses enfants. Leur grand-mère leur aurait transmis le même «sang contaminé».

 

«À un moment, ma sœur, Christelle était enceinte. J’ai eu peur qu’elle aille au bout de sa grossesse. Heureusement, elle a fait une fausse couche.» Marie Lemesle parle sans pudeur, dans l’intimité du salon de sa petite maison, à Inzinzac-Lochrist. La jeune femme, «bébé Dépakine» en est persuadée: son sang est «contaminé».

 Sa mère, Hennebontaise, a été soignée avec l’antiépileptique dès sa commercialisation (par le laboratoire Sanofi) en 1967, et pendant presque 30 ans. «Un médicament, oui, mais aussi un poison».

 Des trois enfants de la fratrie, Marie Lemesle est la seule sans handicap. «Je considère ne pas avoir de frère et sœur, lâche-t-elle simplement. Ils vivent dans un autre monde.» Lourdement atteints, Franck (le cadet) et Christelle (l’aînée) vivent sous tutelle après avoir grandi en Institut médico-éducatif.

 C’est en mai 2015, devant le journal télévisé que la trentenaire fait le «lien», avec le scandale sanitaire: pris pendant la grossesse, le médicament multiplie les risques de malformations du fœtus (1). «Je n’avais jamais pensé avant que ces problèmes puissent être associés.»

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 «En retard par rapport aux autres»

 

Cette auxiliaire de vie scolaire appelle l’Apesac (2) dès le lendemain: «L’avocat m’a demandé d’envoyer tous les dossiers médicaux: de ma mère, mon frère, ma sœur et ceux de mes enfants.» Jade, 10 ans, et Lola, 4 ans, souffrent de troubles d’apprentissage (dyscalculie, problèmes de langage…) qui pourraient être dus au traitement de leur grand-mère.La première petite fille a été placée en classe Ulis (d’intégration), la seconde pourrait avoir besoin d’aide dès la rentrée pour suivre la moyenne section. Les deux sont «en retard par rapport aux autres.»

 Manque de témoignages

 

«Les chercheurs manquent de témoignage comme le mien, pour pouvoir dire que les effets de la Dépakine se transmettent au moins jusqu’à la troisième génération, poursuit leur mère. Mais il y a des suspicions».

 

C’est, en substance, ce que lui a expliqué le spécialiste qu’elle a consulté à Vannes. «N’importe quel enfant peut avoir la même chose», rappelle le Dr Hubert Journel, un des premiers en France à avoir alerté sur les risques de la Dépakine pour les fœtus.

 Selon le généticien, pour diagnostiquer des malformations ou des retards intellectuels liés au Valproate (le principe actif en cause), il faut «une association de signes: cliniques, morphologiques et évolutifs». Trente années d’expérience lui ont permis de reconnaître dans le visage de Marie Lemesle, celui d’un patient «qui a été exposé». «Il m’a dit  » je sais pourquoi vous venez, à peine la porte du cabinet franchie « », témoigne la jeune femme. Lèvre supérieure fine, regard sombre, nez étalé… Les bébés Dépakine auraient un «faciès caractéristique».

 «Nous ne pouvons pas exclure le risque»

 Les cas de Lola et Jade demandent une «enquête approfondie». «Est ce qu’il y aurait un saut de génération? Nous n’en savons rien, répond simplement Hubert Journel. Pour pouvoir dire que ça n’a aucun rapport, il faudra trouver la cause de leurs problèmes. Prouver ou écarter cette hypothèse nécessite un travail de longue haleine.» Le responsable scientifique de l’association d’aide aux victimes veut accumuler les témoignages et observer comment ces enfants grandissent.

 «Il y a encore très peu de maman parmi la génération des bébés Dépakine.» Le spécialiste n’a rencontré qu’un autre cas «où la question se pose». «Il faut informer les jeunes couples concernés que nous ne pouvons pas exclure le risque sur leurs enfants»

 1) L’enquête de L’Inspection générale des affaires sociales (Igas)

 

(2) Association des parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant

 

 

Source : le télégramme 

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