Midi Libre
La Catalane Marine Martin témoignera de son expérience le 13 mars à l’Assemblée nationale. Elle se bat pour faire reconnaître les effets d’un médicament, pris pendant la grossesse, sur le développement de son fils.
Marine Martin n’avait pas imaginé que son combat la mènerait si loin. En 2012, cette maman installée à Pollestres, dans les Pyrénées-Orientales, se lançait sur un chemin long et incertain pour faire reconnaître devant la justice les effets nocifs d’un médicament, la Depakine, un antiépileptique commercialisé par Sanofi, sur la santé de son fils. La jeune femme était sous traitement alors qu’elle était enceinte. Nathan, 13 ans aujourd’hui, souffre depuis sa naissance de troubles du développement.
Le 13 mars, la jeune femme, devenue présidente de l’Apesac, l’association des victimes de la Depakine, interviendra à la tribune du Palais Bourbon pour demander l’ouverture de possibilités d’actions collectives aux victimes d’effets indésirables graves de médicaments. Ces “class action” à la française sont déjà autorisées aux associations de consommateurs qui s’estiment floués.
Demain, sera-t-il possible de les ouvrir aux associations de malades d’une chimie censée les guérir ou les protéger ? « Le député Gérard Bapt est prêt à défendre la proposition de loi », affirme Marine Martin, qui ne sera pas la seule à porter cette voix : le 13 mars, d’autres associations de victimes, et des avocats spécialisés seront entendus.
Un colloque sur les victimes d’effets indésirables des médicaments
Le colloque, baptisé “Faut-il penser le droit des victimes d’effets indésirables de médicaments”, s’appuiera sur un solide rapport qui mêle un état des lieux et des propositions. « Il faut faciliter ces actions collectives, car c’est très difficile d’engager des actions individuelles. Le droit actuel français ne nous est pas favorable, argumente Marine Martin. Le plus gros écueil est financier, les avocats sont hors de prix. Ensuite, il faut rentrer dans des délais restrictifs, dix ans après la mise en circulation d’un médicament, le fabricant n’est plus responsable. » Sans compter que « les gros laboratoires font peur ».
20 000 victimes par an
La famille Martin témoigne de l’ampleur du défi : elle attend encore les résultats d’une expertise demandée il y a deux ans par le tribunal de grande instance de Paris. Une étape capitale pour ouvrir la voie de l’indemnisation. Marine Martin est confiante. Mais une issue favorable ne garantirait pas un succès aux dix autres familles engagées en France dans le même combat. « En France, rappelle le rapport préparé par les associations de victimes, le nombre de morts causées par les médicaments peut être estimé à 20 000 par an. »
Source: http://www.midilibre.fr/2015/02/24/elle-se-bat-pour-les-victimes-de-medicaments,1128188.php