Marine Martin, Catherine Hill, Suzanne Bewley, Alastair H. MacLennan, Alain Braillon
L’utilisation de valproate pendant la grossesse augmente le risque de malformations et de troubles neurodéveloppementaux. Les données du cadre expérimental chez la souris ont montré que le valproate est un inhibiteur direct de l’histone désacétylase, induisant une hyperacétylation des histones, une méthylation des histones et une déméthylation de l’ADN provoquant des malformations congénitales à transmission épigénétique. Nous avons étudié les effets indésirables transgénérationnels potentiels du valproate.
Méthodes
Nous avons interrogé 108 individus (issus de 90 familles) souffrant de complications dues à une exposition in utero au valproate et eux-mêmes parents (85 femmes et 23 hommes) sur la survenue de malformations et de troubles neurodéveloppementaux chez leurs enfants. Tous étaient membres de l’Aide aux Parents d’Enfants souffrants du Syndrome de l’AntiConvulsivant (APESAC), une association caritative créée en 2011 pour fournir une assistance personnelle et un soutien aux familles souffrant de complications dues à une exposition au valproate pendant la grossesse.
Résultats
Parmi leurs 187 enfants, ils ont signalé 43 (23 %) enfants présentant des malformations (26 malformations de la main ou du pied ; 15 traits faciaux dysmorphiques ; 10 malformations rénales/urologiques ; 6 spina bifida ; 4 malformations cardiaques ; 2 craniosynostose ; 2 fentes labiales et palais) et 82 (44 %) enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux (63 comportements problématiques et autisme ; 41 troubles psychomoteurs ; 16 troubles du langage ; 16 déficit de l’attention ; 5 retard mental). Seuls 88 (47%) enfants n’avaient ni malformation ni troubles du développement.
Conclusion
Ces données ajoutent à la nécessité de financer des investigations pharmacoépidémiologiques sur l’hérédité épigénétique causée par des médicaments provoquant des malformations ou des troubles neurodéveloppementaux. Les personnes exposées in utero au valproate doivent être informées du risque, afin qu’elles puissent envisager des options de fertilité, un diagnostic prénatal et une surveillance précoce adéquate.«