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En cas de consommation chez la femme enceinte, les antiépileptiques à base de valproate de sodium seraient à l’origine de séquelles sur plusieurs générations. Le point sur ces médicaments désormais interdits durant la grossesse, du fait d’un sur-risque de malformations congénitales et de retards neurodéveloppementaux.
Le valproate de sodium continue de faire parler de lui. La prescription de cette molécule présente dans certains antiépileptiques comme la Dépakine® est interdite depuis 2015 aux femmes enceintes. En cause, un risque de malformations congénitales, et « une multiplication par 4 ou 5 de l’incidence des retards neurodéveloppementaux* », décrivait le Dr Rosemary Dray-Spira, médecin épidémiologiste et chargée de recherche à l’Inserm dans une étude datée du 22 octobre 2020.
Aujourd’hui, des chercheurs français, britanniques et australiens se sont penchés sur le risque de transmission de ces risques au fil des générations. Comment ont-ils procédé ? En interrogeant 108 patients (85 femmes et 23 hommes) issus de 90 familles différentes. Tous souffraient de complications liées à une exposition in utero au valproate de sodium. Chacun des volontaires étaient interrogés sur la survenue de malformations congénitales et de troubles du neurodéveloppement chez leurs propres enfants. Le recrutement de ces participants a été effectué en France, au sein de l’association APESAC fondée par Marine Martin en 2011.
Spina bifida, malformation cardiaque…
Résultat, parmi les 187 enfants à l’étude :
43 présentaient au moins une malformation congénitale: pour 26 d’entre eux, les pieds ou les mains étaient atteints, 15 souffraient de dysmorphie faciale et 10 présentaient une malformation de l’appareil urologique et des reins. Un spina bifida est survenu chez 6 patients, 4 ont déclaré une malformation cardiaque, 2 présentaient une craniosynostose** et 2 enfants étaient porteurs d’une fente labiale et palatine ;
82 souffraient d’au moins un retard neurodéveloppemental: 63 enfants étaient concernés par des troubles du comportement et des troubles autistiques, 41 par des troubles psychomoteurs, 16 par des retards dans l’acquisition du langage, 16 présentaient des troubles de l’attention et 5 petits accusaient un retard mental.
« Ces résultats prouvent à quel point il est important de mener d’autres études sur la transmission de ces troubles liés à l’exposition in utero au valproate de sodium », déclarent les scientifiques. Les médecins pourront ainsi proposer « des méthodes de diagnostic anténatal et la mise en place d’une surveillance adéquate ».
*handicap intellectuel, troubles de l’acquisition du langage, de l’apprentissage, des fragilités motrices, trouble du spectre autistique (TSA)
**fusion prématurée des sutures crâniennes
Source DestinationSanté écrit par Laura Bourgault, édité par Emmanuel Ducreuzet