Midi Libre
Marine Martin, présidente de l’Apesac, association des victimes de la Dépakine créée en 2011 dans le Pyrénées-Orientales, demande que Sanofi participe aux indemnisations des victimes de l’anti-épilleptique, qu’il commercialise. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a confirmé vendredi 11 janvier à Midi Libre qu’elle avait écrit un courrier allant dans ce sens au laboratoire. Mais Sanofi vient de confirmer qu’il ne participerait pas au dispositif.
« Nous ne baisserons pas les bras, nous ne lâcherons rien » : Marine Martin, présidente de l’Apesac, association des victimes de la Dépakine, un anti-épilleptique commercialisé par Sanofi mis en cause pour les handicaps apparus chez les enfants de femmes traitées pendant la grossesse, demande, depuis que le scandale sanitaire a éclaté, en 2011, la participation du laboratoire au processus d’indemnisation des victimes. Celui-ci est aujourd’hui engagé. Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, y était d’ailleurs favorable, elle l’a confirmé vendredi 11 janvier lors de sa venue à Midi Libre. Mais le laboratoire lui apporte une fin de non recevoir, dans un communiqué diffusé ce mercredi 16 janvier.
Sanofi « ajoute le mépris à l’indécence »
« Sanofi a reçu les premiers avis du dispositif d’indemnisation faisant peser principalement sur le laboratoire la charge de l’indemnisation et dans certains cas retenant une très faible partie à la charge de l’Etat. Sanofi constate avec regret que ces avis ne prennent pas en considération la réalité des faits et notamment les refus successifs des autorités sanitaires à la suite des différentes demandes du laboratoire de modifier les documents d’information à destination des patients.
Sanofi ne peut donner suite à ces avis qui ne prennent pas en considération les décisions prises, en connaissance de cause, par les autorités de l’époque. Ceci n’empêchera pas le dispositif de fonctionner et de permettre la prise en charge par l’Oniam (NDLR : office national d’indemnisation des victimes). L’Oniam pourra alors saisir les tribunaux afin que les responsabilités soient jugées de manière indépendante et impartiale ».
Le laboratoire précise qu' »il est avéré que Sanofi a demandé la modification des documents d’information sur le valproate de sodium il y a plus de trente ans, en ce qui concerne le risque de malformation, et à partir de 2003 s’agissant du risqque neuro-développemental ». Il soutient que « la prise en charge médicale des femmes souffrant d’épillepsie dans le contexte d’une grossesse reste un sujet complexe qui n’est, à ce jour, toujours pas résolu », et qu »une étude réalisée en 2018 montre que les conditions de prescription et de délivrance ne sont respectées que dans 42 % des cas ».
Plus de 6400 victimes recensées
« Malgré la reconnaissance continue de leur responsabilité par les expertises médicales et les autorités de santé, malgré les condamnations en justice et la responsabilité établie du producteur du médicament, le laboratoire Sanofi s’enferre dans le déni de sa responsabilité, ajoutant chaque jour le mépris à l’indécence », s’emporte Marine Martin.
L’Apesac, qui défend les victimes de la Dépakine et en recense à ce jour plus de 6400, se dit « révoltée » mais pas « étonnée par cette attitude scandaleuse » : « Depuis la révélation de ce scandale sanitaire en 2011, Sanofi a usé de toutes les manœuvres possibles pour décourager les procédures judiciaires, fuir ses responsabilités et empêcher le processus d’indemnisation ».
Marine Martin, qui avait échangé à ce sujet avec Agnès Buzyn le 11 janvier à Midi Libre, en appelle une nouvelle fois à la ministre de la Santé : « Il est grand temps que l’État réagisse et demande au laboratoire d’assumer ses responsabilités ».
Hasard du calendrier, l’agence nationale de sécurité du médicament a lancé ce jeudi 17 janvier le rappel d’un lot de Dépakine « suite à la découverte, dans une boîte, d’une pipette destinée à un autre dosage ».
Source : Midi Libre