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Rejets toxiques de Sanofi : « ils ont intoxiqué tout le monde », la lanceuse d’alerte Marine Martin réagit à la mise en examen de l’entreprise

France TV

L’entreprise Sanofi est mise en examen pour ses rejets toxiques, mais échappe à l’inculpation pour mise en danger d’autrui. Une déception pour la lanceuse d’alerte Marine Martin, qui assure avoir été contactée par une quarantaine de riverains et de salariés du site béarnais, lui signalant des problèmes de santé.

Marine Martin ne cache pas sa déception. Ce 11 mars, les médias ont révélé la mise en examen de l’entreprise Sanofi, dans le cadre de rejets toxiques générés par l’entreprise et détectés sur son site de Mourenx en Béarn. Sanofi est mise en examen pour deux infractions  : exploitation irrégulière d’une installation et non-déclaration d’accident ou d’incident par l’exploitant. Elle échappe cependant au principal chef d’accusation : la mise en danger d’autrui pour lequel elle est placée sous le statut de témoin assisté.

Un coup dur pour la lanceuse d’alerte et présidente de l’association Aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac). « Ma première réaction, c’est quand même de la déception de voir que la mise en danger de la vie d’autrui n’a pas été reconnue », reconnaît-elle. Elle-même, dont les deux enfants souffrent de malformations a réussi à faire condamner le groupe pharmaceutique et a été indemnisée à hauteur de plus de 280 000 euros en 2024. Elle avait été traitée à la Dépakine, médicament anticonvulsif pendant sa grossesse et la justice a estimé que Sanofi n’avait pas informé sur les risques associés à la prise de ce médicament.

« Ca a eu des conséquences sur la santé »

Mais les risques associés à la Dépakine dépassent la prise du médicament. L’usine génère des rejets toxiques de bromopropane et de valproate de sodium, principe actif de la Dépakine, dont les seuils constatés entre 2012 et 2018 sont largement supérieurs aux normes autorisées.

« Ça a eu des conséquences sur la santé des riverains, des salariés et bien sûr de leur descendance. J’ai eu de nombreux témoignages de personnes qui ont été exposées pendant leur grossesse. Et dont les enfants ont eu de malformations, comme c’est le cas chez des femmes qui ont pris de la Dépakine, un traitement anti épileptique, pendant leur grossesse« , assure Marine Martin.

Ça me dérange énormément. Ça veut dire que ces gens ne pourront pas être indemnisés pour ces préjudices-là.

Marine Martin

Présidente de l’Apesac

Patrick Oncina, délégué CGT à l’usine de Mourenx, préfère garder espoir, malgré les minces opportunités restantes. Plusieurs branches de son syndicat avaient d’ailleurs porté plainte lorsque avaient été constatés ces rejets. « Ça va être lent, comme pour l’incendie de Lubrizol qui a mis huit ans à aboutir. C’est une petite victoire parce que c’est une troisième mise en examen même si ce n’est pas mise en danger d’autrui« , concède le syndicaliste.

Aux premières loges de ces rejets, les ouvriers espèrent pourtant « un procès équitable » contre le géant pharmaceutique. « Ce sont la préfecture et la Dreal qui avaient fait fermer l’usine en 2018. Ce sont des faits et c’est pour ça qu’on avait fait quatre mois de grève. On sait qu’ils ont une batterie d’avocats importante, mais on espère être entendus », indique Patrick Oncina, précisant qu’un collectif pourrait être monté en cas de condamnation de Sanofi.

De son côté, l’association de Marine Martin rassemble environ 8 000 témoignages de victimes de la Dépakine, dont une quarantaine provient de riverains ou salariés du site de Mourenx. « J’ai été assez surprise de voir que des salariés de Sanofi me contactent alors que je suis souvent considérée comme la bête noire de Sanofi« , note la lanceuse d’alerte . Parmi la quarantaine de témoignages provenant du Béarn, une dizaine a décidé de porter plainte.

Ils ont intoxiqué tout le monde : des femmes enceintes, des patients, les riverains et les salariés de chez Sanofi.

Marine Martin

Présidente de l’Apesac

« À l’époque, ces personnes n’ont pas forcément fait de Dépakinémie (dosage de l’acide valproïque, effectué pour surveiller le taux de cet acide dans le sérum et le plasma humains, NDLR). Il n’y avait pas de mesures fiables en 2018, et ce n’est pas facile de prouver tout ça, mais je ne désespère pas qu’on y arrive ». La présidente espère désormais que la médiatisation et l’avancée de l’enquête inciteront de nouvelles victimes à porter l’affaire devant la justice. Ce n’est pas la fin du tout, ce n’est que le début« , maintient-elle.

Source Maïté Koda

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