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La semaine dernière, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) publiait une information sur le tristement célèbre antiépileptique: la Dépakine. Elle indique qu’après les mères, la prise de Dépakine par les pères pourrait présenter un risque pour l’enfant à naître, si le médicament a été consommé au cours des trois mois précédant la conception.
Menée dans plusieurs pays scandinaves, une étude chiffre un risque d’environ 6% chez les enfants dont le père a été traité par Dépakine, contre 3% chez ceux dont le père était soigné par un autre antiépileptique. Chez les femmes enceintes, la prise de ces médicaments augmente de 11% les malformations du fœtus et jusqu’à 40% les troubles neurodéveloppementaux. Si l’ANSM estime que cette étude « ne permet pas de tirer de conclusions définitives à ce stade », plusieurs pères de familles veulent saisir la justice.
LA DÉTRESSE DES VICTIMES
Plus d’une dizaine de familles s’apprêtent à saisir le juge, confirme Charles Joseph-Oudin. Pour l’avocat dans le dossier de la Dépakine s’attend à en avoir beaucoup plus, dans les prochaines semaines.
Après 14 ans à enfouir sa culpabilité et sa colère, Jean-Marc paraît secoué par la récente étude sur la Dépakine. Sa fille est née avec de multiples handicaps alors qu’il prenait ces comprimés depuis 8 ans.
“J’ai beaucoup parlé de ça avec mes proches ces dernières heures. Je pense que je vais m’accrocher et faire ce genre d’action avec d’autres. Dans les premières années, c’était compliqué de penser à ça du matin au soir. Quand je voyais tous les troubles de ma fille qui ne parlait pas à l’âge de cinq ans, qui se laissait tomber, ça vous renvoie l’image de cette boîte de médicament”, détaille-t-il.
UNE ÉTUDE POUR RELANCER LE COMBAT
La Dépakine est déjà jugée dangereuse pour les femmes enceintes dont les enfants peuvent présenter à la naissance de graves troubles du neurodéveloppement. La récente étude indique également un risque pour les enfants de père sous Dépakine. Ils pourraient être des milliers, souligne Marine Martin. Elle est présidente de l’association des victimes de ce médicament.
“Ça fait plus de 50 ans que le médicament est sur le marché. Et moi ce qui me pose problème avec l’étude de l’Agence européenne du médicament, c’est qu’elle a été faite par les laboratoires producteurs de la Dépakine. On se retrouve avec des laboratoires qui sont juges et partis”, appuie-t-elle.
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Source : RMC Marion Gauthier avec Guillaume Descours