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2022, une année décisive dans le scandale de la Dépakine, le combat de l’infatigable Marine Martin

Midi Libre,

Dix ans après les premières actions engagées au civil, le scandale de la Dépakine, un antiépileptique accusé de provoquer des malformations et handicaps chez les enfants lorsqu’il est pris pendant la grossesse, et qui a continué à être prescrit après les premières alertes, l’année 2022 sera décisive dans l’histoire de ce scandale sanitaire : dès le 5 janvier, le tribunal judiciaire de Paris rendra son délibéré sur l’action de groupe engagée par l’Apesac, la première en terme de santé en France. Une étape de plus dans le combat de Marine Martin, lanceuse d’alerte et fondatrice de l’association de victimes toujours basée dans les Pyrénées-Orientales, où elle a été créée.

La décision était attendue le 15 décembre, ce sera finalement le 5 janvier : ce jour-là, le tribunal judiciaire de Paris se prononcera sur l’action de groupe en- gagée par l’Apesac contre la Dépakine, un médicament antiépileptique efficace, mais dangereux pour le bébé à venir lorsqu’il est pris par une femme enceinte.

Depuis plus de dix ans, cris d’alarme des familles réunies au sein de l’Apesac, qui représente 7500 victimes, et rapports d’expertises s’accumulent, amenant plus de prudence dans l’usage du médicament. Mais pour l’instant, peu de procès : « La seule affaire remonte à 2008, au tribunal d’Orléans où une famille a obtenu 3 millions d’euros de dédommagement », rappelle Marine Martin, maman d’enfants victimes, Salomé, 23 ans, et Nathan, 20 ans.

2022, premiers doutes

Depuis 200 , et les premiers doutes, 2009, la « révélation » lorsque les mots- clés « médicament dangereux pour les grossesses » matchent avec « sur un écran d’ordinateur, 2011, et la création de l’Apesac, dans Pyrénées-Orientales, après une nuit de cauchemar où Marine Martin rêve qu’elle assiste sans bouger à un viol dans le métro, la militante ne lâche rien.

« Chaque fois qu’une décision est favorable, c’est un soulagement, une marche de plus », indique la Catalane, qui fêtera ses 50 ans en juin, dont plus de dix d’un combat harassant. « À la base, je ne suis pas faite pour ça. Je suis timide, la médecine n’était pas mon dada, le juridique non plus. Je travaillais dans la logistique, ma mère était conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation, mon père était ingénieur, mon mari et ma sœur sont dans l’Education nationale, mon frère chez AIrbus… J’ai appris sur le terrain, je me suis formée sur le tas, je suis devenue une experte en communication et en stratégie. »

La méthode est parfois iconoclaste :

« J’ai pensé à Dr House, qui liste les symptômes sur un paperboard, j’ai fait de même pour Nathan ». « J’ai commencé à envoyer des flyers dans les centres médico-psychologiques, et puis j’ai compris qu’il fallait partir de plus haut, toucher des élus », même « s’ils me prennent pour une imbécile ». Jean Castex, lui aussi Catalan, assis à côté d’elle dans l’avion qui vole vers Paris ? « Je l’inter- pelle ». Olivier Véran, neurologue, n’y a pas échappé, du temps où il était député : « Je n’ai pas osé le solliciter à nouveau quand il est devenu ministre, avec la crise du Covid… »

« Aujourd’hui, Sanofi a peur de moi »

« Aujourd’hui Sanofi a peur de moi, le gouvernent m’écoute, et j’ai la presse derrière moi », indique Marine Martin, qui bénéficie d’appuis de choix : la pneumologue Irène Frachon, forte de son expérience avec le Médiator. Charles Joseph Oudin, avocat des victimes du Médiator et plus globalement, spécialiste de l’indemnisation des victimes de produits de santé. Catherine Hill, épidémiologiste reconnue, qui a accepté de s’emparer de données collectées par l’association, pour publier avec fra- cas, en décembre dernier, une étude qui montre l’effet transgénérationnel de la Dépakine…

« Ma vie a radicalement changé, et a transformé tous mes proches. C’est passionnant, mais j’aimerais bien retrouver mon insouciance d’avant. Il y a des moments où je me demande pourquoi je fais tout ça. Des familles sont indemnisées grâce au dispositif que j’ai mis en place. J’ai ouvert une boîte de Pandore, et j’ai peur que si j’arrête, on n’entende plus parler de la Dépakine, explique la Présidente de l’APESAC.

 

2022, l’année de la justice ?

L’année 2022 marquera-t-elle un tour- nant ? « L’appréciation que fera le tribunal le 5 janvier sera capitale, j’espère que ce ne sera pas une décision en demi- teinte, un terme galvaudé que je me suis promis de ne pas dire… tout dépend des critères retenus dans le délibéré, au-delà des malformations, on espère que les troubles neurocomportementaux seront pris en compte. La date à partir de laquelle des actions pourront être engagées est aussi très importante. C’est déterminant pour que des familles portent plainte », indique Marine Martin, qui sait en revanche qu’il faudra attendre trois ou quatre ans avant un grand procès pénal », à l’image du procès du Médiator.

Attendre aussi avant de voir aboutir ses combats plus personnels, au civil comme au pénal, les affaires ne sont toujours pas jugées après dix ans de procédure.

En mars 2022, en revanche le tribunal de Nanterre examinera huit dossiers présentés devant le juge civil. En cette fin d’année, Marin Martin a quand même décroché cinq jours, avant de se préparer à l’échéance du 5 janvier. « Il faudra que je trouve les mots, et je suivrai les conseils de mon avocat : « Quelle que soit la question que l’on te pose, tu fais passer ton message ». Enthousiaste ou amer, le juge en décidera.

Source: Sophie Guiraud

 

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