Dans la presse en 2020

Dépakine : « La mise en examen de Sanofi n’est qu’un début »

Le Républicain Lorrain

Le laboratoire Sanofi a annoncé le 3 février sa mise en examen pour tromperie dans le scandale sanitaire de la Dépakine. Mère d’une enfant victime de ce traitement anti-épileptique et déléguée régionale de l’association Apesac , la Fameckoise Marylène Carlucci se sent « enfin écoutée ».

La procédure. Après les premières plaintes tombées en 2015 et cinq ans d’enquête, le laboratoire Sanofi a été mis en examen au début du mois de février pour tromperie aggravée et blessures involontaires. Le milieu judiciaire bruisse d’une prochaine plainte pour homicide involontaire.

Sanofi se trouve dans le viseur des autorités pour avoir caché aux femmes enceintes le danger de la prise de Dépakine, un médicament anti-épileptique. Médicament efficace, il est ultra-nocif pour les fœtus. Aucun n’en est ressorti indemne, chacun développant ses propres maux. La plupart souffrent de troubles autistiques et de retards psychomoteurs. Près de 50 000 femmes ont absorbé ce médicament durant leur grossesse.

Les victimes lorraines. Déléguée lorraine de l’ Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant (Apesac) , Marylène Carlucci a accueilli les évolutions procédurales et la mise en examen comme « une bonne nouvelle. Ce n’est qu’un début mais on sent qu’on est écouté. Ça fait du bien. 7 030 victimes ont été recensées. » En Moselle, 103 familles ont lancé une procédure. En Meurthe-et-Moselle, elles sont 47. 13 en Meuse et 56 dans le département des Vosges.

« Il va falloir s’armer de patience. On sait que la procédure va être longue mais nous sommes déterminées. La ténacité est de notre côté. Nous ne voulons pas que Sanofi paye, on veut d’abord que le laboratoire reconnaisse qu’il a empoisonné tant de monde et qu’il savait ce qu’il faisait. » Sa fille Romane a aujourd’hui 15 ans, « et on lui découvre encore de nouveaux problèmes, de gros soucis d’ordre neurologique. Il y a des solutions mais au quotidien, c’est bien compliqué. Il y a trop de gens qui vivent un calvaire… »

Le manque d’informations. Lors d’une réunion publique, une femme s’est approchée de Marylène Carlucci : « Elle venait me remercier et me dire qu’elle comprenait enfin de quoi souffre son enfant. Je suis tombée des nues. Trop de personnes ignorent ce scandale. » L’Apesac craint également que « des médecins continuent de prescrire le médicament à des femmes pour lutter contre l’épilepsie sans mise en garde. On donne trop de Dépakine. C’est dramatique. »

Source : Le Républicain Lorrain par Kevin GRETHEN