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Dépakine® : encore trop de prescriptions aux femmes enceintes

Allo Docteur

L’étude publiée par l’ANSM montre une réduction du nombre de foetus exposés à la Depakine®. Des résultats insuffisants pour l’association APESAC qui dénonce les risques de ce traitement antiépileptique pendant la grossesse.

« Il y a encore beaucoup trop de prescriptions de valproate à des femmes enceintes et en âge de procréer », regrette Marine Martin, fondatrice de l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant (Apesac). Car même si l’étude de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) montre une réduction de 80% en moyenne de cette pratique depuis 2013, elle reste trop importante au regard des risques désormais avérés de séquelles pour le foetus.

224 grossesses exposées

En 2018, l’étude a recensé 224 grossesses exposées à ce traitement, pour 138 femmes souffrant d’épilepsie et 86 femmes atteintes de troubles bipolaires, pour lesquelles le valproate est parfois prescrit. Pourtant, dans ce dernier cas, « ce médicament est formellement contre-indiqué », comme le rappelle l’ANSM. Et dans le cadre de l’épilepsie, il ne devrait être utilisé « qu’en l’absence d’alternative thérapeutique ».

« Ce n’est vraiment pas raisonnable », estime Marine Martin, qui a créé son association après avoir découvert les troubles développés par ses propres enfants. A la lecture de l’étude de l’ANSM, elle constate que près de la moitié de ces 224 grossesses ont été interrompues volontairement ou médicalement… « C’est toujours un traumatisme pour les femmes concernées », s’inquiète-t-elle.

Fortes inquiétudes pour 124 enfants nés en 2018

Et son inquiétude est encore plus grande pour les 124 enfants nés après avoir été exposés in utero au valproate en 2018. Car ils « présentent des risques accrus de malformations congénitales et de troubles graves du développement », précise l’ANSM. « Selon les estimations, environ 1 nouveau-né sur 10 (10,7%) présente une malformation et 3 à 4 enfants sur 10 seraient atteints de troubles du développement ».

Marine Martin espère donc la mise en oeuvre de nouvelles mesures pour éviter que de nouvelles familles soient touchées. « Il faudrait imaginer des logiciels d’aide à la prescription qui alertent les médecins au moment où ils prescrivent du valproate à une femme en âge de procréer », propose la présidente de l’APESAC. « L’Assurance Maladie pourrait aussi identifier les auteurs d’ordonnances dangereuses et leur envoyer un courrier du type « avez-vous exploré toutes les alternatives ? »… sans oublier d’éventuelles mesures coercitives », poursuit-elle. « Les habitudes ne changent pas si on ne serre pas un peu la vis ».

Des alternatives à la Depakine ?

Il reste enfin à justement préciser les différents niveaux de risques des traitements disponibles pour les prescripteurs pendant la grossesse. « Quand j’ai voulu arrêter la Depakine qui a empoisonné mes enfants, l’ANSM m’a dit qu’il n’y avait pas de médicament contre l’épilepsie qui ne soit pas toxique pour le foetus», regrette Marine Martin. Elle se bat maintenant pour que des travaux permettent d’aboutir à un affichage « transparent, lisible et clair » pour tous les traitements de l’épilepsie.

Cela implique une évaluation systématique de chaque molécule sur la durée. « L’Inserm a pour projet de faire des recherches sur les impacts générationnels du valproate, les enfants des enfants Depakine. La première réunion a eu lieu le 20 janvier »,  présente Marine Martin. « Certains éléments sont traçables et permettraient de donner l’alerte rapidement. Grâce aux données de la carte vitale, on peut voir si les enfants exposés ont plus recours à l’orthophonie, par exemple. »

Le combat judiciaire

Le combat de l’APESAC est aussi judiciaire. Les laboratoires Sanofi ont été mis en examen le 3 février 2020 pour « tromperie aggravée » et « blessures involontaires ». La molécule valproate, commercialisée sous le nom de Depakine par le laboratoire, a été la cause de troubles mentaux et comportementaux chez 16 600 à 30 400 enfants exposés in utero.

« Je n’oublie pas les mamans qui ont perdu des bébés et j’espère qu’on va pouvoir mettre Sanofi en examen pour homicide involontaire », affirme la lanceuse d’alerte sur le scandale de la Depakine. « Dans l’association, des femmes m’ont appelée car leur enfant était décédé, voire même étouffé in utero … Les pertes humaines sont importantes, il faut les condamner pour ça. »

 

Source : Par Lucile Boutillier

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