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Dépakine. Une victime du scandale attend « un procès comme celui du Médiator »

La Manche Libre, le 11 novembre 2020

Nathalie Vivier, maman victime de la Dépakine, se réjouit des mises en examen suite au scandale sanitaire de ce médicament.

Une nouvelle étape a été franchie dans un long combat judiciaire, avec la mise en examen de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament pour blessures et homicides involontaires dans l’affaire Dépakine, lundi 9 novembre. Ce médicament antiépileptique a été pris par de nombreuses femmes enceintes des années 60 au milieu des années 2000, causant malformations et troubles du développement sur les nouveau-nés. On estime le nombre de victimes de la Dépakine à plus de 30 000.

Une « leçon » pour les autres laboratoires ?

Dans le Bocage, Nathalie Vivier, mère de deux adolescents souffrant des conséquences de la prise de Dépakine pendant sa grossesse, avoue « avoir fortement espéré » cette mise en examen. « Après celle des laboratoires Sanofi cet été, les gens commencent à prendre conscience du problèmeJ’espère que ça va servir de leçon aux autres laboratoires.« 

Les deux enfants de Nathalie Vivier souffrent de troubles du développement. Aubin, 15 ans, va à mi-temps au collège. Toscane, 16 ans, devrait elle aussi, mais le rectorat n’a pas répondu à la demande de scolarisation faite par sa mère. « C’est irrespectueux« , affirme-t-elle. Toscane fait donc l’école à la maison.

Représentante locale de l’APESAC (Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant), Nathalie Vivier souligne « le temps de réaction trop long de l’ANSM« , qui a tardé à faire figurer les contre-indications pour les femmes enceintes dans la notice du médicament. « S’ils avaient fait le travail, mes enfants n’auraient pas eu de problème« , souligne-t-elle. Elle fulmine contre Sanofi, « qui a continué à produire sans rien dire pour raisons économiques« , et l’ANSM, « pour incompétence« .

« Le temps de la justice n’est pas celui des enfants »

Les récentes avancées devant les juges ravissent Nathalie Vivier, qui attend « un gros procès comme celui du Médiator« . Mais il faudra encore patienter quelques années pour avoir ce retentissant jugement. « Le temps de la justice n’est pas celui des enfants« , regrette la mère de famille. « Je connais une maman qui porte son enfant sur le dos dans l’escalier. Elle a besoin d’aménagements spécifiques, mais ne peut pas les payer. Les soins pour récupérer des capacités se font pendant l’enfance et l’adolescence, pas à l’âge adulte. C’est maintenant que les parents ont besoin d’argent pour financer la vie de leur enfant. »

Par besoins financiers, beaucoup de victimes abandonnent les procédures judiciaires et se retournent vers l’ONIAM (Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux). Mais là aussi, les procédures sont longues. Nathalie Vivier attend ses premiers virements prévus depuis l’hiver dernier, et a passé de longues années avant de pouvoir les obtenir.

L’Agence nationale du médicament et des produits de santé a réagi en affirmant répondre à toutes les interrogations de la justice, « prendre toute la mesure de la souffrance des victimes et œuvrer depuis plusieurs années afin de limiter l’exposition au valproate des femmes en âge d’avoir des enfants« .

Source La Manche Libre, par Baptiste Allaire

 

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