Dans la presse en 2020

Dépakine : une patiente toulousaine témoigne de son parcours médical tortueux

Média 7 

Lorsque Sandra Mantinha dépose ses dossiers sur la table du salon de sa maison à Portet-sur-Garonne, c’est tout le poids d’un parcours médical compliqué qui s’abat. La télévision est allumée sur une chaîne d’informations. Ce jour-là, la justice reconnaît l’Etat français responsable des malformations d’enfants exposés à la Dépakine. Sandra est satisfaite. La Dépakine, un antiépileptique à base d’acide valproïque, elle en a pris pendant 25 ans. Mais elle n’a compris que récemment que le médicament était à l’origine des troubles qui touchent ses deux enfants, lorsqu’elle adhère à l’association APESAC*.

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« Il me fallait la feuille d’accord de soins »

Depuis, Sandra se bat dès qu’elle rencontre une injustice ou une embûche dans son parcours médical. Dernier épisode en date, une plainte déposée contre un neurologue toulousain chez qui elle s’est rendue en novembre 2016 pour renouveler son ordonnance de Dépakine. « Je prenais cet antiépileptique depuis l’âge de 19 ans. J’avais 45 ans et j’étais stable avec ce traitement, ma dernière crise d’épilepsie datait de 2001. Ce neurologue m’a remis une prescription de Dépakine, mais pas la feuille d’accord de soins. Sans ce document, le pharmacien ne pouvait me délivrer le médicament. J’ai relancé par mail et téléphone le médecin mais il a refusé de me remettre ce papier. Quand je n’ai plus eu de médicament, j’ai fait deux crises d’épilepsie qui m’ont conduite aux urgences », témoigne la patiente qui a décidé de porter plainte en mars 2018.
Le document en question, la « Feuille d’accord de soins » est obligatoire depuis 2015. Il doit être signé par tout médecin spécialiste qui prescrit des médicaments à base de valproate et dérivés.

Pour le neurologue le traitement devait être réévalué

Ce formulaire a pour but de garantir aux patientes en âge de procréer une information sur les risques de malformations congénitales et de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants lorsque la mère prend un médicament à base de valproate pendant sa grossesse.
« Sans médicament, j’ai été mise en danger », argumente Sandra Mantinha.
Le tribunal judiciaire de Toulouse lui a donné raison le 8 juin 2020 en déclarant que le neurologue « a commis une faute engageant sa responsabilité en n’établissant pas de formulaire d’accord de soins » et en le condamnant à 4000 € en réparation du préjudice subi. « Je voudrais que cette situation soit connue, pour qu’aucune autre femme ne soit confrontée à un problème de délivrance de médicament. Nous sommes déjà dans des situations assez compliquées », glisse Sandra Mantinha qui a prévu de reverser la moitié des 4000 € à l’association APESAC.
De son côté, le neurologue, par la voix de son avocat Me Benjamin Nataf représentant aussi sa société d’assurances, nous indique qu’il n’a pas encore décidé s’il faisait appel de la décision qu’il juge « sévère ». En effet, lors de la consultation avec Mme Mantinha, qu’il voyait pour la première fois, le neurologue a souhaité réévaluer le traitement mais la patiente a refusé. « Le formulaire précise bien qu’il faut être sûr qu’aucun autre traitement n’est possible. Mon client ne pouvait pas l’assurer. On lui reproche donc d’avoir bien fait son travail », déclare Me Nataf.
Depuis cet épisode, Sandra Mantinha a trouvé un autre neurologue. Elle a aussi accepté de remplacer la Dépakine par un autre anti-épileptique.

Le scandale de la Dépakine

Commercialisé en France depuis les années 1960, la Dépakine est un médicament anti-épileptique à base de valproate. Il est aussi prescrit pour les troubles bipolaires. Pourtant connu pour son caractère tératogène (qui conduit à des malformations fœtales), il a été prescrit à des milliers de femmes enceintes qui ont donné naissance à des milliers d’enfants handicapés. Ces femmes n’avaient pas été averties des risques.

APESAC, Association d’Aide aux Parents d’Enfants Souffrant du Syndrome de l’Anti-ConvulsivantVia LaDepeche

Source : Media 7