Dans la presse en 2019

Sanofi à Mourenx (64) : des traces de Dépakine dans le sang de salariés

Sud Ouest 

Des traces de la substance active du médicament à l’origine d’un scandale sanitaire ont été retrouvées dans le sang de plusieurs opérateurs du site de production.

Des traces de valproate de sodium, la substance active du médicament Dépakine, ont été retrouvées dans le sang de salariés de l’usine Sanofi Chimie, de Mourenx, en Béarn.C’est ce qui ressort d’une étude réalisée pour le compte du géant français de l’industrie pharmaceutique par un laboratoire du CHU de Limoges, et que « Sud Ouest » a pu consulter.
Selon le rapport, présenté en janvier aux délégués du personnel, huit opérateurs, à différents postes et différents horaires et travaillant avec des équipements spécifiques, ont fait l’objet de prélèvements sanguins fin novembre 2018. Trois des tests se sont révélés positifs au valproate de sodium, avec des valeurs allant de 0,11 à 0,22 milligramme par litre de sang. Des valeurs faibles – de l’ordre de 20 à 50 fois moins que le « seuil thérapeutique », calculé sur la posologie minimale – mais dont l’effet sur l’organisme reste inconnu. En effet, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), sollicitée en urgence lors de la révélation du scandale des rejets toxiques, avait expliqué qu’il n’existait « aucune dose minimale de valproate en dessous de laquelle des effets sur la reproduction et le développement sont susceptibles de ne pas se produire ».

Un risque chimique "non conforme"

L’usine Sanofi de Mourenx, sur le complexe industriel Sobegi, est au cœur du scandale des rejets toxiques révélé en juillet 2018 par Médiapart – des émanations hors-norme, depuis les années 1980, de composés organiques volatils et de valproate de sodium. L’usine avait été arrêtée et des travaux entrepris sur les installations.L’inspection du travail avait alors rendu, le 2 août, un rapport assassin sur le comportement de l’industriel, le menaçant d’une amende. Le courrier pointait une évaluation du risque chimique « non conforme à la réglementation » et le « défaut d’information auprès des femmes enceintes ou susceptibles de l’être » des effets potentiellement néfastes des émanations.

Faute de respecter les seuils

Rouverte en septembre, avec des plafonds de rejets réévalués et une surveillance accrue, elle avait à nouveau dû arrêter sa production faute de respecter les seuils.Les autorités avaient prononcé une mise en demeure de deux mois, « avec la possibilité d’avoir des dépassements ponctuels pour leur permettre de finir les réglages », précisait alors le préfet des Pyrénées-Atlantiques, sur fond de craintes de rupture de stock de Dépakine, un médicament-clé dans le traitement des troubles neurologiques.Selon Sanofi, les tests « n’ont rien révélé pour l’ensemble des salariés, à l’exception de quelques cas d’opérateurs de production directement en contact avec le valproate de sodium, mais en quantité largement inférieure à la valeur guide de référence. »

De nouvelles mesures

L’entreprise précise que la campagne de mesures est menée « par le médecin du travail externe à Sanofi, en concertation avec le médecin inspecteur régional du travail » et que la « surveillance médicale renforcée depuis plusieurs années » n’a donné lieu à aucune alerte.Dans ses conclusions, le laboratoire mandaté par Sanofi pour réaliser la dernière étude préconise « d’étendre les dosages aux autres collaborateurs […] afin de confirmer les premières analyses », et la mise en place « d’un plan d’action pour continuer de réduire autant que possible l’exposition professionnelle ».Une nouvelle campagne de mesures était prévue fin janvier.Source : Sud Ouest