Dans la presse en 2019

Enfant Dépakine, la Bretonne Paméla Monnier brigue le titre de Miss Handi France 2019

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Paméla Monnier est une enfant dépakine, du nom du médicament que prenait sa mère pendant sa grossesse. Miss Handi Bretagne, elle vise le titre national, samedi. Interview :

Dimanche 3 mars 2019, Paméla Monnier, une habitante de Trévérien (Ille-et-Vilaine), se rendra à Gouesnou, à côté de Brest dans le Finistère, pour participer à l’élection de Miss et Mister Handi France 2019. Elle concourra avec son écharpe de Miss Handi Bretagne 2018. Ce prix récompense l’implication des concurrents envers le handicap. Rencontre.

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Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

J’ai 26 ans. J’habite à Trévérien. Je suis agent de cuisine au département d’Ille-et-Vilaine. Je suis pacsée et maman d’un petit garçon de 5 ans. Je suis ce qu’on appelle une enfant Dépakine, du nom du médicament que prenait ma mère pendant sa grossesse pour soigner son épilepsie.

« Mon grand frère est décédé à 1 mois et demi à cause de la Dépakine et mon fils est impacté »

Comment la Dépakine a-t-elle impacté votre vie ?

Je suis née avec une insuffisance cardiaque causée par deux malformations au niveau des valves. À l’âge de 19 ans, on m’a opérée et placé une prothèse aortique. À l’adolescence, on m’a découvert une tumeur qui poussait et repoussait en fonction de ma croissance et j’ai dû me faire opérer sept fois. J’ai souffert également de troubles ORL, de surdité et de troubles de l’apprentissage.

Mon grand frère est décédé à 1 mois et demi à cause de la Dépakine et mon fils est impacté et a des troubles dus au saut de génération. Le reste de ma fratrie est également touché.

« Le coupable était là, sous mes yeux, sur la table du salon »

Comment avez-vous découvert ce qui causait ces problèmes ?

Je me sentais seule, incomprise et différente. En 2016, nous avons découvert ce scandale dans la presse. Ça a été un choc violent ! Je découvrais le lien de causalité de mes handicaps pendant 24 ans. Le coupable de tant d’années de souffrance était là, sous mes yeux, sur la table du salon. Ma mère n’a jamais été informée de la dangerosité du médicament sur le fœtus, comme des milliers de femmes d’ailleurs. Le laboratoire Sanofi connaissait les risques et s’est bien gardé d’informer les patientes.

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Vous êtes déléguée de l’Apesac ?

Après cette révélation, j’ai appris qu’une association existait depuis 2011, l‘Apesac, une association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti-convulsivant, présidée par Marine Martin, la lanceuse d’alerte. Lorsque je l’ai rencontrée, j’ai su que je voulais me battre à ses côtés pour informer les femmes de ma région et m’investir dans l’Apesac. Dans notre souffrance, j’avais besoin d’aider les autres pour me relever. Je suis donc devenue déléguée bénévole en Bretagne. J’assiste plus de 474 victimes dans diverses démarches. Ce combat me permet d’aller mieux, d’aller de l’avant. C’est aussi pour mon enfant et son avenir que je me bats aujourd’hui et pour informer les femmes pour éviter des victimes à regretter.

«  Participer à ce concours est pour moi une thérapie »

Pourquoi vous présentez-vous à ce concours ?

Ce n’est pas pour moi mais pour les autres. J’espère qu’avec ce titre, je pourrai faire encore plus de choses, aller le plus loin possible. Participer à ce concours est pour moi une thérapie. Je veux œuvrer pour mettre en lumière les personnes handicapées qui sont dans l’ombre, qui n’osent pas. Nous sommes bien là. On a des droits ! Je suis confiante car j’ai énormément agi pour représenter au mieux les personnes handicapées visibles ou invisibles, les victimes de la Dépakine, les deux associations dont je suis marraine et diverses causes. J’agis avec les Rotary pour œuvrer pour l’intérêt général. Je n’ai pas seulement agi en région mais bien au-delà. J’ai de très bonnes chances de remporter le titre.

 

Recueilli par notre correspondante locale Marie VINOUSE

 

La Dépakine en quelques chiffres
Selon une étude de l’Agence du médicament (ANSM) et de l’Assurance Maladie-Cnam publiée en juin 2018 :
– 14 322 femmes enceintes ont été « exposées » à la Dépakine entre 2007 et 2014 ;
– Entre 2 150 et 4 100 enfants ont été victimes de malformation ;
– Entre 16 600 et 30 400 enfants pourraient avoir été atteints de troubles mentaux et du comportement ces cinquante dernières années.
À ce jour, l’Apesac a recensé plus de 6 421 victimes, 1 455 avortements et 145 décès.

 

Souce : Actu.fr