Dans la presse en 2018

La Dépakine fait-elle des dégâts à la deuxième génération?

JDD
La Dépakine est accusée de causer des troubles du développement chez les petits-enfants des femmes exposées. Explications.
Un scandale pourrait en cacher un autre. Marine Martin, la lanceuse d'alerte de la Dépakine, antiépileptique responsable de nombreuses malformations (au moins 4.000) et troubles neuro-développementaux (au moins 40.000) chez les enfants de femmes qui en ont pris pendant leur grossesse, est "inquiète". La présidente de l'Apesac, représentant les victimes du médicament, a été saisie de cas de malformations ou d'autisme chez les petits-enfants des femmes exposées : 149 sont recensés dans la base de données de son association.
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Il y a un an, elle a alerté la ministre de la Santé en réclamant une étude scientifique. "Je n'ai toujours pas eu de réponse, se désole-t-elle. Il est pourtant urgent de savoir s'il y a un lien car l'aspect mutagène de la Dépakine est connu. Si c'est vrai, ce serait une double peine pour nos familles."
Une évaluation est réclamée
Dans ce nouveau combat, elle est épaulée par l'épidémiologiste Catherine Hill. Cette scientifique, qui avait fourni la première estimation des victimes de la Dépakine, plaide aussi pour que le potentiel "effet transgénérationnel" de la molécule de Sanofi soit évalué : "Mais je suis à la retraite, je n'ai pas les moyens de m'y mettre seule."
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Est-ce un hasard, tragique, ou une nécessité, tout aussi tragique? Pamela Monnier, 26 ans, est la mère d'un petit garçon de 5 ans souffrant de troubles des apprentissages et de la motricité. Les médecins soupçonnent un lien entre ces problèmes et la prise de Dépakine par sa propre mère, la grand-mère de son fils. "Mon frère aîné est décédé à cause du médicament peu après sa naissance, détaille la responsable de l'Apesac en Bretagne. Moi, je suis atteinte d'une grave malformation cardiaque." Une étude lui permettrait peut-être de savoir comment trancher son dilemme actuel. Sa prothèse cardiaque arrivant en fin de vie, il va falloir la changer. Si elle veut un deuxième bébé, ce sera forcément avant, donc très vite, ont dit les médecins. "Je n'arrive pas à me décider, souffle Pamela Monnier. Sans connaître le risque exact, comment faire un choix éclairé? Dans le doute, on se prive d'avoir un enfant."
Source : JDD