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Béarn : François Ruffin à l’assaut de Sanofi

Sud Ouest 

François Ruffin avait répondu à l’appel de Marine Martin (au centre), présidente de l’Apesac, l’association des victimes de la Dépakine.

 

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Le député insoumis a participé, mardi, à une « commission d’enquête officieuse et décentralisée » réunissant associations, élus et salariés pour dénoncer les agissements du géant pharmaceutique français

 

« Mourenx, c’est le symbole de leur logique de faire passer l’argent avant les gens. Sanofi, c’est plus de 6,6 milliards donnés aux actionnaires l’an dernier. Ils avaient largement les moyens d’investir pour éviter ces rejets. Ils ne l’ont pas fait. » De premiers échanges sur la plateforme Sobegi, hier midi, ont permis de donner le ton : résolument engagé contre les pratiques de la multinationale de la pharmacie, l’une des plus grosses entreprises françaises.

 

Le député France insoumise François Ruffin avait répondu à l’invitation de Marine Martin, présidente de l’Apesac, l’association des victimes de la Dépakine, qui fait partie des plaignants contre Sanofi Chimie après la révélation de rejets atmosphériques toxiques à des niveaux record, au cours des quatre dernières décennies.

 

 

Le maire en bonne place

 

Des salariés CGT étaient également venus d’autres sites de Sanofi et ont pris part, en début d’après-midi, à une « commission d’enquête officieuse et décentralisée » devant la mairie de Mourenx. Écharpe tricolore en bandoulière, le maire Patrice Laurent avait « séché » une commission du Conseil régional pour accueillir et participer à la réunion.

 

Près de 200 personnes ont écouté les témoignages – ou plutôt les « auditions » – de Jean-Louis Peyren, délégué CGT de Sanofi, de Gilles Cassou, de l’Association de riverains de Lacq (Arsil), de Cathy Soublès et Patrick Mauboulès, de la Sepanso, qui les premiers ont révélé les dépassements faramineux de l’entreprise. Invités à participer également, une médecin généraliste mourenxoise, les victimes du Lévothyrox nouvelle formule et l’avocat et élu écologiste Jean-François Blanco, très impliqué dans ce dossier.

 

L’ancien maire de Mourenx André Cazetien est également intervenu pour raconter ses souvenirs de la Société nationale des pétroles d’Aquitaine (SNPA) et la conscience progressive de l’impact des industries sur l’homme et l’environnement.

 

Tous prenaient garde à rappeler l’importance de la Dépakine et de la présence de Sanofi à Mourenx, où l’entreprise fabrique sa substance active, le valproate de sodium (le médicament est ensuite conditionné à Ambarès, en Gironde). « C’est un médicament indispensable à des millions de patients, rappelait François Ruffin. Il doit être produit à Mourenx. Nous sommes venus pour demander qu’il continue d’être fabriqué ici, mais dans des conditions acceptables. »

 

Les salariés témoignaient d’une position « très difficile » à assumer au sein de l’entreprise. « On s’en prend plein la gueule, expliquait l’un des rares du site mourenxois à avoir accepté de s’afficher. Beaucoup ont peur pour leur emploi. On essaye de leur faire comprendre qu’on aimerait seulement savoir si les rejets ont eu un impact sur la santé des travailleurs de la plateforme Sobegi et des riverains. Mais on veut absolument que l’activité reste ici. » 

L’État également visé

 

La star du jour François Ruffin, avant une séance d’autographes, concluait la réunion par un discours offensif, ciblant notamment les liens unissant l’entreprise au sommet de l’État, puisque l’un de ses dirigeants est un proche d’Emmanuel Macron. « Le problème, c’est bien sûr les pratiques de Sanofi. Mais c’est aussi l’État, qui devrait protéger les salariés, les usagers, les riverains et qui, plutôt que de sanctionner les dirigeants, les récompense en leur promettant plus de profits, plus d’aides pour la recherche. Sanofi qui n’a pas versé un centime pour le fonds d’indemnisation des victimes de la Dépakine. On est dans l’indécence. »

 

L’entreprise n’avait pas répondu à l’invitation des organisateurs de ce débat finalement à sens unique. Sollicitée, elle explique qu’elle n’a « pas de commentaire particulier à faire » sur cette mobilisation et les attaques tous azimuts dont elle a fait l’objet sur la commune même où elle a vu le jour, en 1973. 

Épidémiologie

 

Pendant son intervention régnait un silence de mort : une médecin généraliste installée à Mourenx a tenu à apporter son témoignage sur les pathologies qu’elle observe chez ses patients sur le bassin de Lacq. « On reçoit entre 1 000 et 1 500 patients au cabinet, a-t-elle expliqué. On a de plus en plus de problèmes respiratoires, asthme, allergies… Mais également énormément de pathologies peu communes, chez les jeunes notamment, comme des cancers du pancréas, de l’œsophage. » La praticienne n’a « pas les moyens de savoir s’il y en a plus ou moins que dans la moyenne de la population », mais compte sur les autorités pour actualiser au plus vite les enquêtes épidémiologiques, dont les dernières données remontent aux années 1990.

 

Deux études sont en cours, dont les résultats sont attendus en fin d’année.

Gabriel Blaise 

 

Source : Sud Ouest 

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