Dans la presse en 2018

Dépakine : entre 14 000 et 30 000 victimes

L'Est Républicain

« J’en ai marre des examens. et des opérations », appuie Floriane, 19 ans. La jeune femme n’ignore pas, en ce début de semaine, qu’elle doit repasser dans un bloc opératoire quelques heures plus tard. Pour une intervention sur sa mâchoire. Floriane est ce qu’on nomme malheureusement un « enfant Dépakine ». Cela veut dire que sa maman suivait un traitement à base d’anticonvulsif pendant sa grossesse.  « À chaque fois qu’on reparle de cela, ça fait très mal » constate Florence Pequignot, sa maman, une Haute-Saônoise, représentante régionale de l’Apesac (Association d’aides aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsif). L’Apesac est, depuis 2016, à l’origine de la première « action de groupe » judiciaire contre le laboratoire qui produit la Dépakine. Elle demande ainsi des comptes à Sanofi, qui n’est d’ailleurs pas le seul à produire des anticonvulsifs. « Mais la Dépakine, c’est celui qui a été le plus prescrit et c’est celui qui a les plus gros impacts sur les fœtus » justifie Florence Pequignot, qui ne remet pourtant pas en cause l’efficacité du médicament, hors grossesse. L’Apesac ne s’en réjouit pas, mais, à la fin du mois de juin, elle a eu confirmation lors d’une réunion au ministère de la Santé que les chiffres de victimes étaient bien à la hauteur de ses craintes. « C’est une étude qu’on réclamait depuis deux ans » précise Marine Martin, la présidente nationale de l’Apesac.

« Ce n’est pas à l’État de payer »

 

Ce rapport de l’ANSM (Agence nationale de sûreté du médicament) et de la CNAM est en ligne sur le site de l’Apesac (www.apesac.org) dans la rubrique ‘‘institution’’. L’anticonvulsif prescrit depuis une cinquantaine d’années aurait engendré entre « 14 000 et 30 000 » victimes. « C’est une fourchette large qui corrobore nos chiffres » constate Marine Martin, qui avait déjà fait cette évaluation dans son livre « Dépakine, le scandale, je ne pouvais pas me taire », publié en 2017. « Mes deux enfants sont touchés. J’ai dû m’arrêter de travailler » résume la présidente. Ce que veut l’Apesac, c’est que le laboratoire assume ses responsabilités. Pas si simple. Car même si Sanofi a déjà été condamné dans un dossier individuel par la cour d’appel d’Orléans, le labo poursuit la procédure et s’est pourvu en cassation. « Ils l’ont fait fin janvier. Ils ont provisionné trois millions. En cassation, ils pourraient gagner sur la forme, mais ils ont déjà été condamnés sur le fond » pèse la présidente de l’Apesac, qui pensait que ce jugement prononcé à Orléans inciterait le labo à participer aux réunions programmées à l’Oniam (l’office d’État qui gère les fonds d’indemnisation des victimes). Le comportement de Sanofi révolte les parents. « Ce n’est pas à l’État de payer » estiment Florence Pequignot et Marine Martin, à l’issue d’une réunion le 6 juillet dernier.« Ce que l’on demande aussi à l’État, c’est une campagne d’information sur les dangers des antiépileptiques pendant la grossesse » appuie Marine Martin. 

Source : l'Est républicain