Dans la presse en 2018

Emissions toxiques : l'État presse Sanofi de se mettre aux normes

Le Figaro 

Le gouvernement prévient que toutes les conditions en matière d'émissions et d'absence de risques pour les salariés et les riverains devront être réunies pour que l'État autorise une reprise de l'activité sur le site de Mourenx mis à l'arrêt lundi soir.

Le groupe pharmaceutique Sanofi ne pourra pas rouvrir son site de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), dont la production a été suspendue lundi, tant qu'il ne sera pas en conformité en matière de rejets toxiques, a annoncé mardi le gouvernement. «Toutes les conditions en matière d'émissions et d'absence de risques pour les salariés et les riverains devront être réunies pour que l'État puisse autoriser une reprise de l'activité du site», indique un communiqué du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot et de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui ajoute que «des prélèvements et analyses seront effectués par des laboratoires indépendants sur le site et dans son voisinage pour s'en assurer». «L'objectif, c'est évidemment que la production s'arrête et qu'il ait une mise aux normes, si elle est possible, au regard la vétusté de cette usine», a ajouté ce mardi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux sur France Info.Devant le tollé suscité par des informations, relayée dès dimanche soir par la presse, sur ses émissions hors norme de rejets toxiques, Sanofi a annoncé lundi soir l'arrêt immédiat de la production de son usine chimique de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), «Sanofi Chimie décide d'engager dès aujourd'hui l'arrêt de la production de son site de Mourenx, et d'opérer les améliorations techniques annoncées et indispensables à un retour à la normale», a déclaré le groupe pharmaceutique dans un bref communiqué, précisant avoir diligenté une enquête interne «pour mieux comprendre les causes et l'historique de la situation».LIRE AUSSI - Dépakine: 4 à 5 fois plus de cas de troubles neuro-développementaux chez les enfantsL'usine d'une cinquantaine de salariés, installée dans le bassin industriel de Lacq, est au cœur d'une grosse polémique environnementale depuis dimanche. France Nature Environnement (FNE), une des plus grosses associations écologiques de France dénonce des rejets de «matières dangereuses à des taux astronomiques» sur le site où est produit l'antiépileptique Dépakine, déjà au cœur d'un scandale sanitaire.
L'usine, située dans le bassin industriel de Lacq, a l'autorisation d'émettre «cinq composés organiques volatils (bromopropane, toluène, isopropanol, valéonitrile et propène) dans l'air dans la limite globale de 110 mg/m3», détaille FNE dans un communiqué. «Il en émet en réalité 770.000 mg/m3, soit 7 000 fois plus que la norme autorisée». La situation serait encore plus grave dans le cas du bromopropane, qui entre dans la composition du valproate de sodium, la base de la Dépakine, avec des contrôles ponctuels ayant révélé des dépassements «de 90.000 fois et 190.000 fois la norme», selon la FNE. Ce médicament contre l'épilepsie a récemment  été interdit aux femmes en âge de procréer ou enceintes. Il est mis en cause dans de nombreux cas de troubles du développement chez le fœtus.

 

Des «quantités astronomiques de polluants dans l'air»

«Sanofi n'a communiqué cette information à la préfecture qu'en mars dernier, lors d'une inspection», affirme la FNE. «Si ces dépassements ont été possibles, c'est parce que Sanofi ne contrôlait pas ses trois colonnes (de l'usine), mais une seule. Jamais contrôlées, les deux autres ont envoyé ces quantités astronomiques de polluants dans l'air», ajoute-t-elle. Selon le communiqué du gouvernement, dès le mois d'avril, l'État a mis en demeure l'industriel, par arrêté préfectoral, de respecter les valeurs limites d'émission de différents composés organiques volatils (COV) sous 3 mois sous peine de fermeture administrative.Le site d'information Mediapart, qui révélait cette information dès dimanche, cite quant à lui un rapport de quatre pages de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), sous l'égide de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, daté du 14 avril 2018. Dès le matin, pourtant, Sanofi s'était efforcé de minimiser ces révélations. Le groupe pharmaceutique reconnaissait «un problème de dépassement localisé des seuils de rejet de vapeur de solvants», mais assurait dans un communiqué que les populations n'étaient «pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation». Ce constat a été établi «par une étude d'impact sanitaire auprès d'un organisme indépendant» diligentée par le groupe, avait souligné Sanofi. Le groupe avait aussi souligné avoir déjà engagé un plan d'actions, avec la mise en place d'une unité de collecte et de traitement des rejets afin de les réduire significativement, et avait prévu d'anticiper de 10 jours le démarrage de la maintenance estivale du site.