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L’Agence de sécurité sanitaire alerte sur les dangers des rejets de l’usine Sanofi de Mourenx

Le Monde

L’Anses estime que la valeur toxique du valproate de sodium, principe actif de la Dépakine, fabriquée dans l’usine, doit être revue à la baisse.

C’est un rapport qui ne devrait pas rassurer les salariés et les riverains de l’usine Sanofi qui fabrique la Dépakine à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) et est à l’arrêt depuis lundi 9 juillet pour des rejets toxiques hors normes. Dans un avis rendu jeudi 12 juillet au gouvernement et auquel Le Monde a eu accès, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime que la valeur toxique de référence (VTR) du valproate de sodium, le principe actif de la Dépakine, doit être revue à la baisse.

La Dépakine est un médicament antiépileptique accusé d’avoir provoqué des malformations et des retards de développements chez des milliers d’enfants. La VTR permet de quantifier un risque pour la santé d’une exposition à une substance toxique. L’Anses avait été saisie le 29 juin suite à la mise en évidence de rejets de valproate de sodium par l’usine de Mourenx, sur le bassin chimique de Lacq. Contrairement à d’autres substances dangereuses émises dans des proportions dépassant très largement les limites autorisées, Sanofi ne bénéficie pas d’autorisation pour recracher dans l’air du valproate de sodium. Le groupe pharmaceutique indique qu’« il n’existe pas de valeur de limite de rejet dans la règlementation ».

Un groupe d’expertise collective a été réuni en urgence pour établir au pas de charge ce rapport entre le 5 et le 12 juillet. Il conclut que « la VTR fondée sur la dose posologique minimale doit être revue au regard des nouvelles études publiées et des effets observés ». La dose minimale, considérée comme « dose critique », est aujourd’hui fixée à 10 mg par kilo de poids corporel par jour. Les experts soulignent que « des effets neurodéveloppementaux et néfastes sur la reproduction pourraient apparaître à des doses plus faibles que celles induisant des malformations congénitales ».

Pas de seuil minimal sans risque

Plus inquiétant encore pour les salariés et les populations qui ont pu être exposés au valproate de sodium, ils rappellent que « malgré un grand nombre de données existantes, aucune dose minimale en dessous de laquelle des effets sur la reproduction et le développement sont susceptibles de ne pas se produire, n’a pu être identifiée ».

En d’autres termes, il n’y a pas de seuil minimal au-dessus duquel le principe actif de la Dépakine ne représenterait pas de risque pour la santé. Paradoxalement, cela n’empêche pas les experts réunis par l’Anses d’estimer que « le choix d’une VTR à seuil n’est pas remis en cause ».

Le gouvernement avait annoncé lundi 9 juillet qu’il attendait les conclusions de l’Anses pour « fixer des prescriptions supplémentaires à l’industriel ». De son côté, Sanofi « prend note des observations des services experts de l’Etat rendus sur la base des données qu’elle avait transmises aux autorités ». Dans un communiqué publié vendredi 13 juillet, le groupe pharmaceutique assure que « ces avis vont permettre de poursuivre le dialogue technique entre nos experts et les services concernés afin de compléter lorsque nécessaire le plan d’action proposé par Sanofi Chimie dans les meilleurs délais ».

Des flux de 13,4 tonnes à 20,2 tonnes par an

Outre l’Anses, le ministère de la santé et celui de la transition écologique avaient également sollicité l’avis de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) pour évaluer les risques sanitaires liés aux émissions de valproate de sodium de l’usine Sanofi de Mourenx. L’Ineris a remis son rapport le 12 juillet. Le rapport fait d’abord apparaître des rejets importants, de l’ordre de 13,4 tonnes à 20,2 tonnes par an selon les données communiquées par Sanofi ainsi que des pointes très au-dessus de la valeur limite proposée en décembre 2017 (0,8 kg/h) entre janvier 2016 et mars 2017.

« A défaut de mesure exploitable avant décembre 2015, il est impossible de déterminer quels étaient les flux antérieurs », relève l’Ineris. Les principales « réserves » de l’Institut portent sur la « non prise en compte des interactions microphysiques et chimiques » du valproate de sodium. Les experts notent ainsi qu’au contact de certains acides présents dans l’atmosphère, le valproate peut être libéré sous forme d’acide valproïque. L’Ineris recommande ainsi de « mener des travaux complémentaires ».

Source : Le Monde 

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